C’est une victoire pour Donald Trump: lundi, son «plan de paix» a été adopté par le Conseil de sécurité de l’ONU. Applaudie par Benjamin Netanyahou, cette annonce est lourde de menaces pour la population palestinienne.
D’abord, parce que les déclarations satisfaites occultent une réalité tragique: à Gaza, les massacres continuent, à plus basse intensité. Entre le 10 octobre, date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu, et le 12 novembre, 245 Palestinien·nes ont été tué·es dans l’enclave, et 627 blessé·es. La plupart des tirs israéliens ont lieu près de la ligne jaune délimitant les zones où l’armée d’occupation reste déployée.
Quant à la situation humanitaire, elle est dramatique. Alors que l’hiver approche – la semaine dernière, des dizaines de milliers de Gazaoui·es ont vu leurs tentes inondées à la suite des intempéries –, l’armée israélienne continue à filtrer l’entrée de biens essentiels. Et de bloquer les camions du principal acteur humanitaire sur place, l’UNRWA, avec l’assentiment des Etats-Unis, qui ambitionnent de confier la distribution de l’aide humanitaire à des ONG évangéliques sous son contrôle.
«Les Israélien·nes ont toujours le projet de rendre Gaza invivable pour faire partir les Gazaoui·es», résume le journaliste palestinien Rami Abou Jamous1>Orientxxi.info, 7 novembre 2025.. Et ce n’est pas le plan voté par l’ONU qui fera obstacle à ce dessein. La feuille de route étasunienne entérine l’occupation de 53% de la bande de Gaza, pour une durée indéterminée. Et c’est dans cette zone contrôlée par Israël que Donald Trump planifie la reconstruction de l’enclave2>The Guardian, 14 novembre 2025., les 47% restants demeurant un champ de ruines impropre à la vie. Quant à la perspective d’un Etat palestinien, elle est refusée net par le gouvernement Netanyahou, tandis qu’en Cisjordanie, les attaques menées par les colons se déroulent quotidiennement, dans une impunité totale.
Il est impératif que le cessez-le-feu instauré le 10 octobre devienne permanent – et qu’il soit enfin respecté par Israël. Mais cette nécessité ne justifie en aucune mesure la satisfaction affichée mardi par une majorité d’Etats occidentaux, une grande part des médias – et le Conseil fédéral. Imposant une tutelle coloniale sur Gaza, s’asseyant sur l’autodétermination du peuple palestinien et piétinant le droit international, le projet de Trump – principal allié d’un gouvernement génocidaire! – a tout d’une bombe à retardement. L’appeler «plan de paix» a des accents orwelliens.
Dans ce contexte, le mouvement de solidarité avec la Palestine reste notre principale boussole. Même s’il doit affronter une répression grandissante, y compris en Suisse.
Notes