A l’aube de la COP30 qui s’ouvre ce lundi à Belém, au Brésil, il n’est pas facile de garder espoir. Les sommets pour le climat et la biodiversité se succèdent et ne finissent pas de décevoir, soit par la faiblesse de leurs objectifs, soit par les blocages lors de leur mise en œuvre. La possibilité d’un monde qui maintient son réchauffement à 1,5 °C à l’horizon 2050 semble définitivement enterrée. En janvier 2024, la Terre a franchi pour la première fois sur douze mois consécutifs la barre des 1,5 °C définie par l’accord de Paris. Les tensions géopolitiques, la crise des démocraties et la montée d’une extrême droite climato-sceptique font craindre le pire.
Et pourtant. Chaque dixième de degré compte, quand il s’agit de la lutte contre le dérèglement climatique. Il est trop tard pour se battre pour un réchauffement de 1,5 °C? Alors battons-nous pour un monde à 1,6 °C. Il n’est pas temps de baisser les bras. Les investissements publics sont insuffisants, des centrales à charbon continuent à sortir de terre, mais cela ne doit pas nous empêcher de garder espoir en considérant les avancées. Pour la première fois, l’électricité issue de l’énergie renouvelable a dépassé celle produite par le charbon dans le monde, relevait le Guardian début octobre.
On ne change pas une civilisation fondée sur les énergies fossiles d’un coup de baguette magique. Les intérêts politiques et financiers pour continuer le business as usual pèsent lourd. La Suisse dépense encore chaque année 12 milliards de francs pour acheter du pétrole et du gaz. Il existe un autre enjeu de taille: l’imaginaire collectif repose encore largement sur l’utilisation du pétrole. La société, basée sur un idéal de surconsommation, a besoin d’autres horizons désirables, pour mettre fin au faux débat de la fin du mois contre la fin du monde. Un nouveau projet de société basé sur la justice sociale à même de répondre à un besoin réel: au niveau mondial, le changement climatique reste la première préoccupation des citoyen·nes, dont beaucoup vivent déjà dans leurs tripes les effets dévastateurs de la hausse des températures.
En Suisse comme ailleurs, les mouvements sociaux et la gauche ont un rôle important à jouer pour esquisser un projet de société rassembleur, qui manque cruellement aujourd’hui, et aller au-delà de la dénonciation des activités climaticides. Un mouvement de fond existe. Comme nous le relayions la semaine dernière, en contrepoint à la COP30, des communautés autochtones ont organisé un sommet des peuples en terre amazonienne, symbole d’une résistance vivante. Un projet à même de mobiliser les citoyen·nes pour une réelle transformation vers une société soutenable prendra du temps. Mais les graines sont bel et bien présentes. En attendant, personne ne sera surpris·e d’être déçu·e des conclusions de la COP30. Le changement viendra du bas.