Un résultat porteur d’espoirs. Et pas seulement pour les New-Yorkai·ses. La victoire de Zohran Mamdani à la mairie de la Grande Pomme montre qu’une politique populaire, issue de la base, peut l’emporter face aux forces de l’argent.
C’est une rupture avec les caciques du Parti démocrate, qui ont tout fait pour savonner la planche de ce politicien au pedigree à même de faire pâlir de rage la réaction conservatrice qui a tout balayé sur son passage au pays de l’Oncle Sam: socialiste, musulman, immigré. N’en jetez plus, la coupe est pleine. Son opposant, le mauvais perdant Andrew Cuomo, démocrate battu lors des primaires et personnage peu recommandable, était soutenu par Wall Street et même par le Parti républicain – qui a fait pression, en vain, pour que son représentant se retire.
Le discours de Zohran Mamdani a manifestement mobilisé les revenus modestes. En cela, la rupture avec l’acceptation du néolibéralisme porté par le Parti démocrate devra être scrutée avec attention. Son programme a ciblé les petites gens: gratuité des crèches, politique sociale du logement, épiceries publiques pour les plus démuni·es, gratuité des transports en commun. Le tout financé par une fiscalité qui cesse de faire des cadeaux aux 1% les plus nantis.
Le candidat se réclamant du «socialisme» n’a pas fui les problématiques qui auraient pu diviser: son ouverture sur les préoccupations des jeunes générations a manifestement porté. Oui, on peut être musulman pratiquant et favorable aux droits égaux pour les minorités de genre et sexuelles.
De même, courageusement, il a porté avec clarté un discours de défense du droit international dans la guerre barbare qu’Israël mène à Gaza, rompant avec le soutien étasunien à l’Etat hébreu en train de commettre un génocide. Plusieurs sondages ont montré que cela ne lui a pas aliéné le soutien d’une partie importante, voire majoritaire, de l’électorat juif qui ne s’identifie pas aux exactions de la clique de Benjamin Netanyahou.
Des enseignements peuvent être tirés de cette victoire. Pour les Etats-Unis, où le Parti démocrate reste verrouillé par un système clanique, mais avec un espace qui s’étend à la gauche de cette formation. Ailleurs aussi. On le voit en France, où l’alliance rose-rouge-vert du Front populaire vacille, le Parti socialiste étant reparti dans une dangereuse course aux places, qui fait imploser ce regroupement des forces de gauche. Là aussi, la question sociale sera incontournable. Le ralliement d’un François Hollande à la relance par l’offre – un dogme néolibéral – a précipité la chute du parti à la rose. Le voir aujourd’hui applaudir doctement l’attelage ministériel du macronisme a quelque chose de sinistre.
En Suisse aussi, une remise en cause est nécessaire. La gauche institutionnelle s’est ainsi cachée derrière son petit doigt sur la question palestinienne – à quelques exceptions près, notamment les parlementaires Nicolas Walder ou Carlo Sommaruga –, ce qui la coupe du mouvement social d’envergure qui refuse la fatalité génocidaire.
La leçon de cette élection new-yorkaise est bien qu’une autre gauche est possible.