Depuis septante-et-un ans, le Musée du Léman est le seul en Suisse à se consacrer entièrement à notre lac, à sa nature, à son histoire et à sa culture. Il transmet un savoir scientifique accessible à tous et fait dialoguer patrimoine, science et émotions. Lieu vivant de recherche, de création et de rencontres intergénérationnelles, il est la mémoire du Léman. Le Léman peut vivre sans musée, certes, mais lui seul donne au lac une voix permanente, un espace de réflexion et de transmission. Ne pas soutenir aujourd’hui le développement de ce musée reviendrait à le condamner – et, symboliquement, à imposer le silence au lac lui-même, dont dépend toute la région pour son eau potable. C’est impensable.
En marge d’une votation à Nyon d’un crédit permettant d’obtenir un permis de construire pour l’extension de ce musée, l’obstacle ne doit pas être la dette de la Ville de Nyon! En fait, le véritable problème est ailleurs: comment justifier qu’un musée au service de tout le bassin lémanique repose uniquement sur les finances de Nyon? Dépositaire des archives de la Limnologie – la science des lacs, née sur les rives du Léman – et de la CGN entre autres, cette institution relève clairement d’un intérêt cantonal, clairement suprarégional.
Aujourd’hui, la Ville de Nyon se doit d’investir les 3,15 millions nécessaires et permettre à la fondation du Musée du Léman de s’assurer des financements privés permettant la réalisation de cette extension tout en espérant ainsi obtenir la reconnaissance cantonale tant attendue. Ce musée le mérite amplement car son nouveau projet est exemplaire!
Ne condamnons pas donc le Musée du Léman à la décrépitude, ni le Léman au silence. Agrandir ce musée, c’est préserver la mémoire et l’avenir du lac, c’est défendre les sciences, la culture, des patrimoines et un lien unique qui unit les habitants à leur environnement. Sauver le projet d’extension du Musée du Léman, c’est sauver un peu de nous-mêmes.
Carinne Bertola, autrice, conseillère communale verts-es, ancienne conservatrice du Musée du Léman