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Attaques contre les libertés fondamentales

Manifestation du 11 octobre à Berne. KEYSTONE
Suisse

Une camarilla d’élu·es du camp bourgeois, regroupé·es dans une Alliance pour la sécurité suisse (ASS), a donné de la voix ce jeudi pour exiger des mesures drastiques et à même de combattre «l’extrémisme violent». Sous ce terme, il faut bien comprendre les violences enregistrées lors de manifestations dites de gauche. L’extrémisme de droite, lui, reste opportunément sous le radar.

On constate un parti pris sécuritaire, pour ne pas dire liberticide, dans la contextualisation de la démarche de l’ASS. L’appel à un durcissement des pratiques en matière de loi et d’ordre est justifié par les dérapages constatés lors de la manifestation bernoise du 11 octobre dernier, contre le génocide en cours à Gaza. Il y a certes eu des violences – une douzaine de membres des forces de l’ordre ont été blessé·es –, mais les participant·es à la conférence de presse n’évoquent même pas le fait que plus de 300 manifestant·es ont dû être soigné·es. La responsabilité de la police dans cette escalade mériterait pourtant d’être sérieusement questionnée…

La liste des mesures proposées par cette fine équipe ne laisse pas d’inquiéter: quelques-unes peuvent certes être débattues. Certains objets contondants ne devraient pas avoir droit de cité dans une manifestation pacifique. Mais vouloir se protéger à l’aide de lunettes étanches des lacrymogènes utilisés de manière intempestive par la police lors de deux récentes manifestations n’a rien de criminel.

D’autres pistes évoquées sont carrément liberticides. Notamment l’exigence d’une utilisation accrue de la reconnaissance faciale, avec l’aide de l’IA. La surveillance de masse a toujours un petit goût totalitaire. La prolongation de la garde à vue de 24 à 48 heures est également plus qu’un coup de canif dans le principe de proportionnalité.

Quant au vœu d’interdire certains collectifs antifa, il s’inscrit dans la droite ligne de la dérive autocratique d’un Donald Trump. Ce durcissement du discours met en évidence une coupure entre les représentant·es politiques et le Souverain qu’ils et elles entendent représenter. Un génocide est en cours à Gaza; la caste politique se refuse à toute action pour tenter de prévenir ce crime contre l’humanité: pas de reconnaissance de la Palestine, pas d’embargo sur les échanges avec Israël, les accords de collaboration, y compris sur le plan militaire, restant d’actualité.

Or passivité équivaut à complicité. Et une partie importante de la population, elle, refuse cette fatalité. Elle se révolte. Plutôt que de lui taper dessus avec des tonfas et l’asperger de lacrymogènes, nos dirigeant·es et représentant·es devraient au contraire défendre les valeurs de droit et de démocratie, qu’elle réclame dans la rue à cor et à cri. Et garantir les libertés fondamentales, qui n’ont pas à être quémandées.