Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Au-delà des chiffres, le danger

Alors que la population avait refusé l'agrandissement des autoroutes, Berne rouvre le dossier. KEYSTONE
Gaz à effet de serre

L’augmentation de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère progresse à un rythme effréné. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a tiré mercredi la sonnette d’alarme en publiant un rapport à même d’alimenter la prochaine COP 30 qui se tiendra au Brésil du 10 au 21 novembre prochain.

Le CO2 est le principal gaz à effet de serre, responsable d’environ deux tiers du réchauffement climatique. La concentration de ce gaz atteint des niveaux record. Il y a vingt ans, il était de 377,1 ppm (partie par million); l’an passé, il atteignait 423,9 ppm. L’OMM rappelle également que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.

Lire aussi notre article Bâtisseurs priés de faire plus écolo d’ici 2034

Et la tendance s’accélère. En 2024, la concentration de CO2 a connu sa plus forte hausse depuis les débuts des mesures en la matière, à savoir 1957. Les taux d’accroissement de ce gaz ont triplé depuis les années soixante, passant d’une moyenne de 0,8 ppm par an à 2,4 ppm au cours de la décennie 2011-2020. Et en 2024, cette croissance a encore progressé à 3,5 ppm.

Avec un constat inquiétant: la moitié du CO2 relâché dans l’atmosphère est absorbé par les puits de carbone (les forêts et les océans). Or ce mécanisme d’autorégulation fonctionne moins bien. Le réchauffement climatique freine notamment la capacité des mers de capter du CO2!

D’autres signaux sont au rouge: un rapport signé par 160 scientifiques relève que le premier de seize points de bascule pertinents – le dépérissement des coraux – semble avoir été atteint1>Voir le Monde du 13 octobre.. Et les forêts tropicales d’Australie sont les premières au monde à émettre plus de dioxyde de carbone qu’elles n’en absorbent, comme le révèle une étude parue mercredi dans la revue Nature.

Face à l’urgence que pointent ces chiffres, la réponse de la communauté internationale n’est pas à la hauteur, c’est un euphémisme. Les Etats-Unis ont placé au pouvoir un climato-négationniste qui braille à qui veut l’entendre drill baby, drill [fore, chéri·e, fore].

Et en Suisse? Le récent rapport Weidmann, du nom de ce professeur de l’EPFZ commandité par l’udéciste Albert Roesti, valide l’agrandissement de certaines autoroutes. Un projet relancé par Berne, alors qu’il avait été refusé le 25 novembre dernier par le peuple!

Un déni démocratique et une absurdité: les efforts doivent porter sur la mobilité durable, à savoir le train. De gros investissements sont nécessaires. En détourner une partie sur la route revient à nier l’urgence climatique et à se priver des moyens d’action pour répondre au défi climatique qui menace tout simplement la survie de l’espèce humaine sur terre. Consternant.

Notes[+]