Depuis sa création, le LUFF (Lausanne Underground Film & Music Festival) a pour objectif de rendre visibles et audibles les démarches d’individus comme de collectifs qui remettent en question une norme, un système, et lui tiennent tête pour amorcer un changement aussi vital que nécessaire. En portant ces voix et en montrant qu’il existe d’autres modèles, le festival souhaite donner des clefs au public afin qu’il ne se laisse pas définir et enfermer dans la vision imposée par les circuits mainstream et dictée par les pouvoirs en place.
Aujourd’hui, face à la normalisation des fascismes, force est de constater qu’il y a urgence à agir. Montrer ou sonoriser à travers des œuvres ne suffit plus. Il faut le crier par d’autres moyens. Pour cette raison, le LUFF souhaite se faire le haut-parleur de voix qui, par leurs actions, font avancer les luttes.
Par l’invitation des trois collectifs Justice4Nzoy, Justice4Michael et Justice4Mike, ainsi que l’intervention du philosophe Norman Ajari ce mercredi 15 octobre en ouverture de la 24e édition du festival, le LUFF hurle:
1. Non, la police n’est pas «le reflet de la société». Nous ne sommes et ne serons jamais l’horreur du racisme systémique, dont l’existence profonde et aussi ancienne que la modernité coloniale commence à être reconnue sur le principe par les autorités, mais n’est pas encore traduite en actes, en réformes structurelles et en condamnations;
2. Nous partageons les combats contre la normalisation de la violence d’Etat et des pratiques discriminatoires organisées. Nous souhaitons donc nous rendre utiles aux travaux des collectifs pour pallier le défaut de justice, en amplifiant par exemple leurs voix et leurs études des situations, en favorisant la circulation des connaissances et de l’examen des processus et mécanismes de racialisation en cours dans les pratiques de la police en particulier;
3. Nous voulons interroger en retour les pratiques – toujours critiques – d’un festival comme le nôtre, mais qui doit aussi apprendre à faire son propre examen, ou à le faire plus intensément encore, à déraciner, jusque dans les propositions artistiques que l’on défend, l’hégémonie culturelle blanche.
Les agendas d’un festival et de collectifs militants ne sont pas les mêmes. Mais nous sommes touxtes légitimes à demander des comptes et des changements pour que les institutions commencent à ressembler aux valeurs des personnes qu’elles sont supposées servir, et nous pouvons joindre nos forces pour déraciner ensemble le racisme des structures étatiques et sociales, à commencer par celles en vigueur à Lausanne, dans le canton et dans ce pays.
En tant que festival au service du public et du rayonnement culturel de la ville comme du canton, en tant que citoyen·ne·x·s, nous sommes touxtes en droit d’exiger des réponses quant à l’urgence d’en finir avec le racisme systémique.
Dans le cadre du programme 2025 du LUFF, une invitation a été faite à plusieurs collectifs antiracistes sous la forme d’un champ libre dans le but de visibiliser leurs actions. Durant l’édition, ces collectifs occuperont des espaces du festival par le biais de diverses interventions. La conférence «Racisme, négrophobie et violences policières» aura lieu en ouverture, mercredi 15 octobre à 18 h, dans la Salle Paderewski du Casino de Montbenon.