«Grave pénurie de généralistes»? Oui, en Suisse! Mais on n’a que ce que l’on mérite!
Il y a une trentaine d’années, la mal-nommée «Santé suisse», faîtière des assurances maladies, instaurée non pour améliorer la santé des Suisses mais pour défendre les assureurs, ouvrait la chasse effrénée aux médecins, et en particulier aux généralistes, en les dépréciant dans la presse, les accusant de s’enrichir injustement et surtout en faisant appliquer la «clause du besoin», qui était en fait un numerus clausus entre 2002 et 2012, puis, partiellement, entre 2013 et 2022.
L’économiste Giancarlo Dominighetti nous a fait croire que les coûts de la santé étaient directement proportionnels au nombre de médecins: plus il y a d’offre, plus il y a de consommation, donc de frais. Un raisonnement simpliste qui est peut-être vrai si on compare les pays sous-développés aux pays nantis, mais pas dans l’absolu. Et ce résultat ne tient compte que des coûts, pas de la santé des populations concernées.
Sur ce principe, on a entravé l’installation de nouveaux médecins et découragé les jeunes d’entreprendre des études de médecine. Les assureurs y ont cru avec enthousiasme, les politiciens se sont laissé berner, les sociétés médicales n’ont pas osé s’y opposer. Résultat: même si on ne dispose pas de statistiques officielles(!), on sait que les nouvelles ouvertures de cabinets médicaux en Suisse ont été grandement réduites pendant ces deux décennies!
Pourtant, les coûts de la santé ont continué à augmenter linéairement, même si certains économistes osent prétendre que cette mesure a «contenu une partie de leur croissance».
On voit aujourd’hui la conséquence de cette politique imprévoyante et c’est la santé des Suisses qui va en payer le prix.
A qui la faute?
Dr Michel Borzykowski
Genève