Dimanche, les Genevois·es seront enfin fixé·es quant au profil de leur nouveau gouvernement. Au vu du clivage gauche-droite, l’UDC a de bonnes chances de placer pour la première fois l’un des siens, Lionel Dugerdil, au Conseil d’Etat. Au détriment des Vert·es et de leur candidat Nicolas Walder. Si ce dernier devait échouer, le parti écologiste serait exclu de l’exécutif cantonal, une première depuis l’élection de Robert Cramer en 1997.
Le Parti libéral-radical soutient fermement le candidat populiste, l’aile humaniste du parti réduite à une dose homéopathique; il y aura sans doute quelques votes blancs. Mais guère plus. Le Centre n’a pas donné de consignes de vote, même si des figures importantes de la formation – à l’instar de l’ancien président Bertrand Buchs ou d’Alia Chaker Mangeat – appellent ouvertement à voter pour Nicolas Walder. Les Vert’libéraux ont également adopté la posture de la girouette, plus libéraux que verts… A voir quel sera le poids de la prime au sortant: dans l’imaginaire électoral, le siège est celui d’un Vert et Nicolas Walder bénéficierait d’une petite longueur d’avance.
Ce scrutin aura marqué un tournant. A savoir que le bloc bourgeois se radicalise. L’UDC a construit son image sur son refus du rapprochement avec l’Union européenne, elle porte un discours xénophobe et de repli, a priori éloigné des intérêts de l’économie. Mais cela ne dérange plus les milieux patronaux, divisés sur la question européenne, sensibles à sa posture néolibérale.
Un renforcement de la droite au Conseil d’Etat se fera au détriment d’un aménagement durable, de la mobilité verte, d’une promotion du logement social et de la défense du rôle social et redistributeur de l’Etat. Cela ramènera la politique gouvernementale à un rapport de forces qu’on croyait dépassé depuis l’expérience du gouvernement monocolore, entre 1993 et 1997.
Avant ce passé pas si lointain, la gauche ne pesait que deux sièges sur sept dans l’exécutif cantonal. Le bouleversement serait certes relatif. Mais les temps et les défis ont changé. Une telle droitisation de la politique genevoise ne sera assurément pas à même de répondre aux enjeux qui attendent Genève. Ni le défi climatique, ni celui de la mobilité, ni le social, ni l’égalité de genre et des minorités sexuelles n’y trouveront de réponses.
Le populisme inhérent à cette droitisation est sans doute une arme politique efficace, on le voit au niveau mondial. Mais il n’est porteur d’aucune solution durable. Au contraire, gageons qu’une ère de blocages en résulterait. Rendez-vous dimanche pour savoir si les électeur·ices du centre droit, qui détiennent la clé de ce scrutin, se montreront plus sensibles au consensus et plus inspiré·es que les partis censés les représenter.