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Le nouveau mal du siècle

Désignée  «grande cause nationale» de l’année 2025 en France, la santé mentale se dégrade, tandis que la psychiatrie publique fait face à un manque cruel de moyens. Ailleurs dans le monde, on observe les mêmes signaux d’alerte. Le dernier Manière de voir analyse les enjeux sanitaires, politiques et sociaux posés par les troubles psychiques, nouveau mal du siècle.
Santé mentale

Depuis que la pandémie de Covid-19 a contribué à sa dégradation, la santé mentale des Français est sous le feu des projecteurs. Si le tabou s’effrite peu à peu et qu’il est désormais admissible d’évoquer son trouble psychique dans l’espace social, la prise en charge des personnes en souffrance se heurte aux difficultés de la psychiatrie publique, submergée par les besoins alors qu’elle manque chroniquement de moyens et d’effectifs. A l’heure de l’incertitude budgétaire, les praticiens redoutent que la «grande cause nationale 2025», qui devait redonner du souffle au soin et à la prévention, ne tourne au rendez-vous manqué.

Confinement, numérisation, toxicité du milieu professionnel ou des réseaux sociaux, angoisses face à l’effondrement climatique, aux guerres, à l’anomie de nos sociétés… Du monde entier nous parviennent des échos similaires, ceux d’un mal-être croissant, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Partout, les défis sanitaires, sociaux et politiques se posent avec la même acuité. C’est à cette réalité, et aux réponses qu’elle appelle, que le nouveau numéro de Manière de voir1>«Santé mentale. Symptômes d’un monde fêlé», Manière de voir no 203, octobre-novembre 2025, bimestriel édité par Le Monde diplomatique. invite à réfléchir.

«On peut juger l’état de civilisation d’un pays par la manière dont les aliénés y sont traités», lisait-on dès 1848 dans les Annales médico-psychologiques. La folie retranche de l’expérience commune. La première partie rend compte des sorts contrastés réservés aux malades au fil des âges: tour à tour respectés, rejetés, négligés, soignés et, à notre époque, rappelés à une sorte de normalité au nom de la résilience.

La vulnérabilité psychique engendre des douleurs sans lésion visible. Etre un malade bipolaire, dépressif ou anorexique est une épreuve de la perte de soi. Le deuxième chapitre s’interroge sur ce qui nous fait mal et cherche à ­décrire la souffrance.
Effacer les symptômes ou maîtriser les causes? Avec le temps, la société a fini par saisir l’importance de soigner son esprit autant que son corps. La troisième partie se penche sur la prise en charge de la maladie mentale. De l’avènement de la psychanalyse à la révolution des psychotropes, en passant par la lobotomie et, aujourd’hui, l’espoir suscité par les neurosciences ou la redécouverte des psychédéliques, les pistes n’ont cessé de se multiplier. Certaines ont permis des progrès, d’autres ont dû être écartées. Aucune, pour l’heure, n’est parvenue à résoudre le mystère des ­désordres de l’âme.

Notes[+]

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