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Un accord sans garanties aucunes

Des Palestiniens regardent la fumée s'élever après une frappe israélienne au centre de la bande de Gaza, ce jeudi 9 octobre. KEYSTONE
Gaza

Un accord de cessez-le-feu a été signé hier entre Israël et le Hamas. La première phase d’un dispositif qui prévoit, du côté palestinien, la libération des otages encore au nombre de 47 (une vingtaine seraient vivant·es et 28 auraient péri dans les différents bombardements). La partie israélienne s’engageant de son côté à un retrait partiel de la bande de Gaza et à libérer quelque 2000 prisonnier·ères palestinien·nes.

Une bonne nouvelle pour les otages et leurs familles. La fin d’une attente inhumaine et la possibilité de faire un deuil pour celles qui ne récupéreront malheureusement qu’un corps. Et, pour les habitant·es de Gaza soumis à un déluge de feu depuis deux ans et qui errent comme des fantômes dans un univers de décombres où rien ou presque n’est resté debout, c’est la fin espérée d’un martyre.

Une certaine réserve doit rester de mise. Cet accord tiendra-t-il? On sait ce que valent les promesses d’un gouvernement israélien aux abois. L’accord peut aussi faire imploser la coalition au pouvoir, avec le retrait de la droite la plus extrémiste et suprémaciste – tenante du Grand Israël – de cette alliance, et précipiterait la chute de Benjamin Netanyahou qui perdrait son immunité de premier ministre. Le risque d’une nouvelle fuite en avant pour éviter de se retrouver devant les tribunaux est réel.

Seconde réserve, au-delà de la fragilité de l’accord, on peut trouver sinistre le fait que les incendiaires soient salués. Sera-t-il possible de traîner les criminels de guerre israéliens devant un tribunal le jour où la Cour internationale de justice tranchera sur la réalité judiciaire de l’accusation de génocide, qui semble tout de même de plus en plus constituée?

Et que penser de Donald Trump qui braille pour qu’on lui décerne un Prix Nobel? Lui qui a soutenu cette guerre génocidaire et ses auteurs, fournissant en armes un Etat hors de contrôle et bloquant à coup de vetos les tentatives onusiennes de stopper le massacre?

Enfin, les perspectives d’avenir ne sont aucunement porteuses de paix. Le retrait de Gaza n’est que partiel. La fin de la colonisation de la Cisjordanie reste un angle mort. L’idée saugrenue de faire de Gaza une Riviera pour nantis est même toujours d’actualité.

A cela s’ajoute la proposition d’un gouverneur en la personne de Tony Blair, ce triste sire qui a participé, en laquais servile des Etats-Unis, au déclenchement de la Seconde Guerre du Golfe, imposée à coup de manipulations et de mensonges, et qui a déstabilisé toute la région.

Oui, réjouissons-nous de l’arrêt des massacres. Mais on est encore loin d’un retour à la plus élémentaire humanité.