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Passivité complice

Des protestations citoyennes ont éclaté ce jeudi en Europe, en Turquie et au Brésil. KEYSTONE
Flottille pour Gaza

La flottille qui espérait apporter une aide humanitaire à la population de Gaza a été arraisonnée dans la nuit de mercredi à jeudi par l’armée israélienne. Parmi les quelque 400 prisonnier·ères, une vingtaine de Suissesses et de Suisses, dont l’ancien maire de Genève, Rémy Pagani, Romain Mouron, engagé dans le média Rage Kit, et Samuel Crettenand, qui avait mené fin 2023 une grève de la faim pour sensibiliser ses compatriotes aux souffrances des civils de Gaza.

La démarche de la flottille était pacifiste et symbolique: apporter vivres et médicaments à une population suppliciée depuis deux ans. Et briser le blocus illégal imposé par Israël.

Cet arraisonnement pose question quant à la légalité de l’opération militaire et des arrestations subséquentes: violation des droits fondamentaux, acte de piraterie, crime de guerre? On verra ce que des instances comme la Cour internationale de justice auront à dire sur ces méthodes qui s’affranchissent des règles du droit.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les pays occidentaux dont les concitoyen·nes ont embarqué à bord de la flottille n’ont guère été soutenants. L’Italie et l’Espagne avaient dépêché des navires militaires pour escorter les bateaux humanitaires. Mais ils se sont courageusement arrêtés à l’orée de la zone d’exclusion décrétée par l’Etat hébreu. Laissant ainsi le champ libre à l’opération militaire consistant à enlever en eaux internationales des citoyen·nes européen·nes, dont l’eurodéputée française Rima Hassan. Cela aurait pu donner lieu à une réaction musclée du Quai d’Orsay; sa réponse a été d’une faiblesse notable.

Et la Suisse? A-t-elle œuvré pour protéger ses ressortissant·es en leur garantissant l’élémentaire droit au soutien juridique dont ils et elles semblent avoir été privé·es? Elle a assuré un service minimum, pour ne pas dire minimaliste, se bornant à apporter «l’assistance consulaire prévue par la loi».

Notre pays est toujours à la traîne pour reconnaître l’Etat de Palestine, il refuse de cesser ses collaborations militaires avec un Etat pourtant accusé de guerre génocidaire, ou de bloquer les importations en provenance d’Israël. Hier, la Suisse n’a pas jugé bon convoquer l’ambassadeur d’Israël pour lui dire son mécontentement, ni rappeler le représentant diplomatique en poste à Tel-Aviv, histoire de mettre la pression sur un Etat qui se rit de toutes les normes du droit international.

Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères, est tellement servile qu’on pourrait lui offrir une tenue de laquais avec gants blancs. Un habit qui lui conviendrait à merveille.

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