«Toute initiative visant à garantir une paix durable doit être fondée sur le droit international (…), viser à en finir immédiatement avec l’occupation illégale et le système d’apartheid mis en place par Israël.»
Publiée mercredi, cette salutaire mise au point d’Agnès Callamard, présidente d’Amnesty International, est tombée deux jours après l’annonce, par le président étasunien, d’un «plan de paix» pour Gaza. Un texte «largement modelé par Israël» 1>Le Monde, 1er octobre 2025., concocté à rebours de toutes les notions fondamentales du droit international, au moment où l’offensive génocidaire contre Gaza continue à monter en puissance.
Selon le ministère de la Santé de l’enclave, le mois de septembre a été le plus meurtrier depuis le 7 octobre 2023. Ce mercredi, Israël s’apprêtait à bloquer le dernier accès au nord de la bande de Gaza, resserrant encore le siège de la ville. Au même moment, forcé de mettre fin à ses activités dans la ville de Gaza, le CICR dénonçait les «conditions humanitaires effroyables» subies par les dizaines de milliers d’habitant·es resté·es sur place.
Or c’est sur le dos de cette population bombardée, affamée, massacrée et mutilée, que Donald Trump «propose» au Hamas une alternative qui n’en est pas une: capituler face à l’occupation et accepter la mise sous tutelle de Gaza, avec l’avènement d’une sorte de proconsul en la personne de Tony Blair, l’ex premier ministre britannique parti en guerre contre l’Irak en 2003 aux côtés de Georges W. Bush; ou donner à Israël le prétexte idéal pour finaliser le génocide entamé il y a deux ans.
Dans les faits, la «solution Trump» repousse aux calendes grecques le droit à la souveraineté des Palestinien·nes – sans parler de la perspective d’un Etat. Dénuée de calendrier clair, elle permettra à Israël de perpétuer son occupation d’une large part de Gaza, tout comme la colonisation de la Cisjordanie, piétinant ainsi le droit international. Elle légitime en parallèle un gouvernement génocidaire, allant jusqu’à banaliser le crime de génocide en l’utilisant comme moyen de pression. On peut aussi craindre que l’opération ne soit qu’un écran de fumée visant à présenter le Hamas comme incapable de faire le moindre compromis, justifiant ainsi la poursuite des massacres et du nettoyage ethnique.
Le fait qu’un tel accord soit accueilli comme une «bouée de sauvetage» par de nombreux Etats est le symptôme d’une forme de désespoir: face à une situation cataclysmique, toute perspective de cessez-le-feu semble bonne à prendre. Dans ce contexte terrible, la défense du droit international reste une boussole indispensable. Tout comme l’élan de soutien à la courageuse flottille, interceptée mercredi alors qu’elle tentait de percer le blocus israélien contre Gaza.
Notes