D’abord, l’excitation, une première place attendue mais rassurante décrochée par le vert Nicolas Walder au premier tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Et puis, le doute, rapidement insinué par le score somme toute canon du candidat UDC, Lionel Dugerdil, arrivé sur la deuxième marche du podium à moins de 6000 voix du premier. Et ce, alors que la droite partait en ce premier tour comme dans une primaire, alignant plusieurs champions potentiels.
Celui qui tire son épingle du jeu pourrait permettre pour la première fois au parti d’extrême droite d’intégrer l’exécutif genevois. Au détriment du seul siège écologiste, de quoi saper le moral du restant de gauche au gouvernement. Les pronostics à ce stade sont affaire d’arithmétique: en se retirant, le centriste Xavier Magnin remet en jeu les quelque 21 000 voix qu’il a récoltées au premier tour.
A gauche, on crie au cordon sanitaire et on appelle du pied les centristes à renouer avec leurs valeurs humanistes. Mais l’histoire récente montre que la droite est prête à s’unir, faisant fi de divergences que l’on croyait absolues. La ligne a déjà été allégrement franchie par le PLR, dont l’électorat n’a, au moins en partie, pas hésité à cocher Lionel Dugerdil, malgré les divergences profondes sur des valeurs aussi cardinales pour le parti qu’une économie ouverte.
Chez les centristes, l’exercice frôle le dédoublement de personnalité. «Votez Magnin, pour défendre des valeurs libérales et économiques», scandait-on jusqu’à dimanche. Forcé de constater que la mayonnaise n’a pas pris, le parti laisse désormais le champ libre au candidat UDC. Certes, il ne donne pas de consigne de vote: mais le retrait de Xavier Magnin revient stratégiquement à adouber l’idée d’une candidature unique à droite derrière laquelle s’unir. Reste à savoir si l’électorat de base se ralliera à cette idée.
A gauche, on sent le vent du boulet. En la personne de Nicolas Walder, on espérait tenir un candidat au parcours solide, rassembleur et susceptible de créer des ponts. Mais la tendance de fond voit les écologistes reculer. La non-réélection de Fabienne Fischer puis le départ impromptu d’Antonio Hodgers pèsent sur la dynamique générale. Le contexte économique et budgétaire tendu fait pencher une partie de l’électorat vers la droite et relègue au second plan les préoccupations environnementales. Difficile, dans ces conditions, de convaincre au-delà du ralliement annoncé de la gauche radicale.
Mais une partie du duel final pourrait se jouer dans les communes suburbaines, les cités, réservoir traditionnel de la gauche. Qui s’avère s’être peu mobilisées pour ce premier tour: 36% à Vernier, 37% à Meyrin, tout juste 40% à Onex ou Lancy. Il faudra faire le plein dans trois semaines et ne pas céder de terrain à celui qui a su mobiliser dans les communes rurales et huppées. Le décompte est lancé.