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Double surprise

Un résultat intermédiaire pour l’e-ID projeté sur un écran à Berne dimanche révèle un fossé entre villes et campagnes. KEYSTONE
Votations fédérales

C’est une double surprise. Le projet  d’identité électronique est passé de justesse, 50,39% de oui seulement. Les sondages ont menti. Comme ils l’avaient fait lors du vote sur l’initiative contre les minarets. Visiblement, sur ce genre de sujets clivants, les personnes sondées tendent à cacher leurs motivations. Le nombre important de panneaux disposés dans les campagnes et opposés à ce projet aurait peut-être pu mettre la puce à l’oreille. Car ce vote traduit un évident clivage villes-campagnes. Ce sont les premières qui permettent à la Confédération de l’emporter.

Cette courte majorité traduit sans doute une méfiance à l’égard de l’autorité fédérale. Il faut dire que cette dernière ne fait rien pour rassurer, les bourdes des F-35 suivent les pataquès sur le Service de renseignement de la Confédération. Peut-on faire confiance à ces bras cassés pour éviter que nos données fuitent? Poser la question, c’est un peu y répondre.

Et, plus largement, admettons que la révolution technique de l’informatique dépasse bon nombre de citoyen·nes qui, dans le doute, préfèrent le statu quo. Pourtant, le projet accepté ce dimanche a quelques mérites. Autant on peut se méfier de l’Etat Léviathan, autant confier au privé la gestion de notre identité électronique est largement plus dangereux en termes de libertés publiques.

Le discours libertarien prônant un refus de l’Etat revient à confier aux Elon Musk et autres autocrates aux petits pieds qui lustrent les brodequins de Donald Trump le soin de garantir le respect de notre sphère privée. Et, dans le camp des opposants, on trouvait aussi un lot non négligeable de complotistes naviguant dans des sphères de la droite extrême.

L’autorité fédérale doit maintenant rassurer le Souverain et se donner les moyens de garantir que les données en sa possession seront verrouillées de manière sûre et qu’un traçage des Suissesses et des Suisses n’est pas à l’ordre du jour.

Second objet soumis au peuple: la suppression de la valeur locative. Là-aussi, les sondages se sont trompés, eux qui annonçaient un score serré alors que près de 58% des votant·es ont accepté le texte.

Il faut dire que les arguments appelant au refus étaient contradictoires. Avec des milieux de droite qui refusaient la suppression de certaines déductions d’entretien, alors que le lobby des locataires y voyait un cadeau fait aux propriétaires. Dans le doute, certains ont pu y déceler une forme d’équilibre quand bien même le projet implique des pertes fiscales non négligeables pour les collectivités publiques, avec un manque à gagner estimé à 1,8 milliard de francs. Deuxième contradiction: la présence d’un Röstigraben qui ne s’explique pas par une sociologie différente de l’habitat.

Là aussi, le suivi politique de la loi sera crucial et pourrait donner lieu à des empoignades si tel ou tel canton tente de pallier les pertes fiscales par des mesures antisociales, ce qui semble presque être devenu une habitude.

Dossier Complet

Votations fédérales du 28 septembre 2025

La population suisse doit se prononcer sur deux objets: l'arrêté fédéral relatif à l’abolition de la valeur locative; et la loi fédérale sur l’identité électronique (E-ID). Retrouvez...