Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Insuffisante reconnaissance

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez (à droite) et le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, aujourd'hui après l'annonce de la reconnaissance d'un état palestinien par l'Espagne. KEYSTONE
Reconnaissance de la Palestine

Et de 151, 152, 153 et bientôt 154. Le nombre de pays reconnaissant l’existence de l’Etat palestinien s’est vu renforcer ce week-end par les déclarations du Royaume-Uni, du Canada et de l’Australie, tandis que la France devrait concrétiser cette position aujourd’hui dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies. Un jalon symbolique posé par des nations occidentales n’ayant guère la prétention de mettre fin au massacre à Gaza, mais tout au plus de ressusciter une solution à deux Etats au cœur de la récente Déclaration de New York.

En Suisse, on observe le positionnement de nos voisins en réclamant qu’Ignazio Cassis s’inscrive dans cet élan. Sans se bercer d’illusions. La reconnaissance de la Palestine ne constitue pas en elle-même un levier pour la fin du génocide. Mais elle porte en elle l’évidence de l’existence d’un peuple et son droit à vivre sur ses terres historiques. Ou du moins ce qu’il en reste, car les élans occidentaux, lents et poussifs, n’auront bientôt plus rien à reconnaître d’un territoire sur lequel se déchaîne la barbarie sans limite d’Israël. Si Gaza en demeure l’épicentre, en Cisjordanie résonne l’écho d’une politique colonisatrice assumée: «L’Etat palestinien est en train d’être effacé. Non pas par des slogans, mais par des actions», s’enorgueillissait en août Bezalel Smotrich, ministre israélien d’extrême droite. Un discours auquel les annonces de reconnaissance ne font que donner du grain à moudre.

Ne soyons pas dupes. La reconnaissance de la Palestine est une étape nécessaire; mais si elle n’est pas accompagnée de sanctions politiques et économiques à l’encontre du gouvernement de Benjamin Netanyahou, elle ne sera qu’un paravent. Tant que les puissants parlementent, les bombes pleuvent, alimentées par le soutien aveugle des Etats-Unis. Des leviers autrement moins symboliques existent pourtant: cesser toute livraison de matériel de guerre à Israël – quand bien même les Etats-Unis restent le principal fournisseur. Rompre toute relation économique – en dénonçant notamment l’accord d’association à l’échelle de l’Union européenne. Endosser un boycott général des produits exportés par Israël.

La voie diplomatique de la reconnaissance ne peut et ne doit être qu’un point de départ. Elle se fonde sur la même rhétorique que celle qui avait mené aux accords d’Oslo, processus resté inabouti en raison du refus israélien d’accepter un Etat palestinien. Comment ne pas relever une forme d’ironie macabre dans le fait qu’un élan de reconnaissance naisse maintenant, alors que tout le territoire palestinien pourrait être bientôt annexé par Israël? Les belles déclarations ne suffiront pas à défendre le peuple palestinien.

Autour de l'article