«Les immigrés profitent de notre système de santé dès le premier jour en Suisse sans avoir jamais versé un seul centime.»
Le 2 septembre dernier, l’UDC tenait une conférence de presse pour dénoncer la supposée responsabilité des migrant·es dans l’augmentation des coûts de la santé. A cette occasion, le parti des Blocher proposait d’imposer une franchise augmentant avec l’âge aux personnes de nationalité étrangère, assortie de limitations aux soins pour les requérant·es d’asile. Une forme d’apartheid de la santé.
Pourtant, les statistiques démontrent que les immigré·es coûtent moins à l’assurance-maladie que les Suisses. Et, selon les chiffres publiés par asile.ch, les requérant•es d’asile ne représentent que 0,56% des coûts de l’assurance-maladie obligatoire.
L’argumentaire de l’UDC repose donc sur du vent. Mais la formation de droite conservatrice – qui flirte de plus en plus ouvertement avec l’extrême droite – n’a aucune intention d’y renoncer. Lors de la session parlementaire de septembre, elle défendra son initiative «Pas de Suisse à 10 millions». Cette fois, c’est l’ensemble des maux pesant sur la population helvétique qui seront mis sur le dos de la population immigrée: «pénurie de logements, hausse des loyers, infrastructures saturées, écoles débordées, pression sur les systèmes sociaux, bétonnage de nos paysages et étalement urbain intensif», énumère le parti. Qui s’apprête à déposer, le 24 septembre, une nouvelle initiative. Au menu: renforcer les contrôles et restreindre le droit d’asile. Tiens, tiens.
Cette campagne anti-immigré·es va s’intensifier jusqu’aux élections fédérales de 2027. Paradoxalement, elle est menée par le plus grand parti de Suisse, coresponsable des politiques néolibérales qui ont abouti au démantèlement des services publics – cause de la majeure partie des maux qu’il dénonce. Mais au lieu d’être combattue, son argumentation xénophobe donne désormais le la à Berne.
Pour répondre à l’initiative «Pas de Suisse à 10 millions», le Conseil fédéral propose ainsi… de réduire le nombre de demandes d’asile et de faciliter les expulsions. Tandis que, cette semaine, des élu·es PLR prêtaient main-forte à l’UDC au sein de la commission des institutions politiques du Conseil national. Objectif: maintenir la possibilité de renvoyer les personnes de nationalité étrangère ayant recours à l’aide sociale, même après dix ans de séjour en Suisse.
«La police a un problème avec les populations migrantes», affirmait il y a quelques jours le sociologue David Pichonnaz1>Le Temps, 6 septembre 2025.. Un gros problème, même. Mais en matière de xénophobie et de racisme systémique, les forces de l’ordre ne font que suivre la musique jouée à Berne.
Notes