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L’impôt génocidaire

Alors que le nombre d'acteur·rices dénoncent la complicité des pays européens dans le massacre des Palestinien·nes, la Suisse réaffirme la sienne en achetant des drones à Elbit Systems. L'entreprise fournit une grande partie de la flotte utilisée pour anéantir Gaza. KEYSTONE
Génocide à Gaza

Après la Slovénie, la Belgique a décidé de prendre des sanctions contre Israël. Elle a notamment décidé d’interdire l’importation de produits issus des colonies, l’exportation et le transit d’équipements militaires vers l’Etat hébreu, le survol de l’espace aérien par ses avions de chasse, et l’accès au territoire à certains colons. Elle poursuivra par ailleurs les Belges-Israéliens responsables de crimes de guerre. Pendant ce temps, la Suisse confirme l’achat de six drones auprès du partenaire privilégié de l’armée israélienne, Elbit Systems.

Outre le fait que ces drones cumulent les problèmes techniques, leur achat enrichit une des entreprises qui participent directement au massacre du peuple palestinien. Elbit Systems fournit en effet une grande partie de la flotte utilisée pour anéantir Gaza. L’armée suisse a déjà versé par l’intermédiaire de nos impôts 240 millions de francs, alors que les drones ne sont toujours pas fonctionnels. Le modèle choisi, le Hermes 900, d’après des ONG, a été utilisé dans des raids contre des civils palestiniens. Rappelons au passage que la BNS a également fait du profit en achetant et en revendant des actions de cette société portée en bourse par une demande croissante. L’an dernier, UBS a par exemple augmenté de 875% ses investissements dans Elbit Systems.

En juillet, trois associations, dont le GSsA, déposaient une action en justice demandant l’annulation de l’achat des drones devant la Cour suprême du canton de Berne. D’après nos sources, cette action aurait été balayée sous prétexte qu’elle aurait des motifs politiques. Dans ce contexte, notre ministre de la Défense, Martin Pfister, aurait eu mille bonnes raisons d’annuler cette commande embarrassante, mais il a choisi de persévérer dans ce fiasco.

En avril 2024, Jean Ziegler clamait haut et fort: «Nos impôts tuent des enfants palestiniens.» Après bientôt deux ans de génocide, la complicité de nos autorités avec des dirigeant·es accusé·es de crime contre l’humanité est insoutenable. La semaine dernière, dans nos colonnes, une lectrice racontait qu’elle refusait désormais de payer ses impôts en raison de cette compromission.

Alors que des centaines de personnes embarquent à bord de la flottille mondiale Sumud et mettent le cap sur Gaza pour briser le blocus, la couardise de nos dirigeant·es et de leurs financiers contraste avec la détermination des citoyen·nes du monde, qui risquent leur vie pour mettre fin au génocide. L’Histoire se souviendra de celles et ceux qui auront pris la rue ou la mer, auront boycotté ou refusé de payer leurs impôts et de celles et ceux qui, dans leur bureau confortable, auront contribué à nourrir l’économie du sang et de la terreur.

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