A quelques encablures de la votation cantonale du 28 septembre prochain, le lobby immobilier genevois et ses relais politique – le Parti libéral-radical et l’Union démocratique du centre – se dressent contre l’initiative dite «Pour + de logement en coopérative». Un texte lancé par la faîtière de ce type d’habitats.
Pourtant, le texte est des plus modérés, ce qui explique le soutien des partis centristes. Il propose d’inscrire dans la loi l’obligation de doter le parc immobilier genevois d’un socle de 10% de logements en coopératives. Ce qui représente certes un doublement par rapport à la proportion actuelle, mais qui est tout de même assez éloigné de la collectivisation du sol dénoncée. Le canton de Zurich compte un taux de 20% de coopératives, sans que l’on puisse parler de kolkhoze sur les bords de la Limmat.
Les arguments – si l’on ose employer ce terme – des opposant·es sont empreints d’une mauvaise foi qui doit nous mettre la puce à l’oreille. Le délai fixé par l’initiative serait trop court. C’est oublier que les partis bourgeois ont fait traîner le dossier, notamment via des mesures dilatoires sur le terrain juridique. Venir se plaindre ensuite que le temps est compté peut faire sourire. Et personne ne criera au scandale si l’objectif visé par l’initiative prendra un peu plus de temps.
Le second argument tient du «je n’ai rien contre les coopératives, mais….» Ce type de logement serait réservé à une caste de bobos capables d’acheter les indispensables parts sociales. Lorsque le parti des banques et des multinationales met en avant les petites gens, les voyants d’alerte doivent clignoter.
Gageons que le vrai problème est ailleurs. Les défenseurs de l’industrie du logement comme source de rentabilisation du capital et de profits substantiels ont peur de perdre des parts de marché. Les terrains qui seront affectés aux coopératives échapperont à de juteux projets permettant de dégager de confortables plus-values. Sortis de la logique d’exploitation, les loyers des coopératives sont 40% plus bas que ceux du marché.
Enfin, relevons que les coopératives sont également un lieu de vie collective, de partage, d’innovation environnementale, de construction de liens sociaux selon des valeurs qui ne sont pas celles du court terme, du marché et du calcul égoïste du chacun pour soi. C’est aussi cette extension du champ démocratique, de l’autonomie de chacun·e face à la machine à broyer les personnalités dans les lois d’airain du capitalisme, qui explique ce refus. Il est à la fois économique, politique et idéologique.
Raisons de plus pour donner de l’espace à ces expérimentations sociales si précieuses en ces temps de repli sur des intérêts particuliers. Le logement ne devrait pas être une marchandise.