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La mort est leur politique

L'"Ocean Viking", bâteau de SOS Méditerranée. KEYSTONE
Migration en Méditerranée

«Les morts s’enchaînent, les secours sont entravés», c’est un appel à l’aide que lance l’ONG SOS Méditerranée dans un communiqué diffusé jeudi. La situation en Méditerranée ne cesse de se dégrader. Mercredi, 20 personnes ont perdu la vie au large de l’île de Lampedusa, «parmi lesquelles un bébé, des adolescent·es et des femmes».

En moyenne, depuis 2014, ce sont 8 personnes par jour qui perdent la vie en tentant la traversée si dangereuse. Soit 3000 morts par année. En réalité probablement bien plus, nombre de naufrages demeurant sous le radar. Cette route reste la plus empruntée, en hausse de 9% par rapport à la même période en 2024.

Quand une personne se noie, on lui tend une bouée et on la sauve. On ne devrait pas lui poser de questions sur les raisons qui l’ont poussée à se mettre en danger. Ça, c’est le bon sens. Mais pas celui des pays européens qui préfèrent voir se noyer des milliers de migrants plutôt que de leur offrir l’asile. Les interceptions se multiplient.

Depuis le début de l’année, 14 000 personnes ont été bloquées en mer et ramenées de force vers la Libye, un pays où les attendent tortures, viols et esclavage. Avec la bénédiction de l’Union européenne. Cette politique cynique et meurtrière est doublée d’une pratique inhumaine par les pays européens visant à mettre les bâtons dans les roues des ONG qui tentent de sauver ces malheureux. Par exemple, en usant et abusant de stratagèmes, comme attribuer des ports très distants aux bateaux pour retarder leur mission, ou en interdisant aux navires humanitaires de procéder à plusieurs sauvetages consécutifs.

Le Bureau des droits fondamentaux de Frontex, l’agence qui gère les frontières européennes, a pointé d’horribles défaillances. Notamment le signalement ce printemps d’un bateau en détresse laissé à son triste sort durant cinq jours. Lorsque l’Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée, est parvenu à le retrouver, ses soixante passagers, dont un enfant de 2 ans, étaient décédés. «Ces personnes ont été sciemment abandonnées à la mort», dénonce SOS Méditerranée.

Des politiques en violation patente de toutes les règles du droit et de la plus élémentaire humanité. Un jour un film sera tourné sur cette Zone d’intérêt1>Référence au film de Jonathan Glazer sur la «banalité du mal» dépeignant la vie de famille du commandant d’Auschwitz.. On savait, on a laissé faire. Nos descendant·es se pinceront pour comprendre.

La désobéissance civile face à ces ignominies est non seulement un droit, mais même un devoir.

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