Le monde commence à mesurer l’ampleur du drame effroyable qui se joue quotidiennement à Gaza sous nos yeux. Mais un autre phénomène, plus silencieux, se déroule en Cisjordanie: des événements peu médiatisés, à bas bruit.
Il s’agit de descentes de colons juifs dans des villages palestiniens, où humiliation et martyre sont infligés aux habitants. Ces dernières semaines, les morts se multiplient à un rythme alarmant. Les colons, désormais intouchables, comptent deux des leurs au sein du gouvernement de Benjamin Netanyahu – le plus à droite, le plus raciste et le plus religieux de l’histoire d’Israël.
Nous ne parlons plus de simples ratonnades contre des paysans palestiniens dans leurs champs ou oliveraies – ces attaques que même les Israéliens de gauche venus les protéger subissent. Non, il s’agit désormais de véritables expéditions punitives menées par des hooligans juifs: ils envahissent les villages palestiniens et bédouins, terrorisent les civils, incendient maisons et véhicules, blessent et tuent sans distinction hommes, femmes, enfants, vieillards sur leur terrasse. Filmés en train de tirer à bout portant? Peu importe: arrêtés puis relâchés sous 48 heures, ils jouissent d’une impunité totale.
Fortifiés par leur sentiment de droit divin, ces colons établissent des avant-postes sauvages près des villages palestiniens, harcelant les habitants jusqu’à ce que – maisons brûlées, vies menacées – ils abandonnent leurs terres. Semaine après semaine, ces attaques similaires se multiplient, le bilan humain s’alourdissant: une stratégie délibérée pour vider ces territoires de leur population palestinienne et les annexer. Ouvertement.
Rien ne freine désormais cette machine: ni un système judiciaire israélien démantelé par le gouvernement, ni une armée dirigée par des généraux complices qui couvrent ces exactions au lieu de les punir. Les colons ont désormais le pouvoir israélien tout entier dans leur camp.
Dans cette folie, le droit a cédé la place à la barbarie. Depuis longtemps déjà, les Palestiniens ne sont plus perçus que comme une masse indistincte de «terroristes» – vieillards et enfants compris. On peut les humilier, les affamer, les massacrer en toute impunité: pour une majorité d’Israéliens traumatisés, ils ont perdu leur visage humain. Et en cessant de reconnaître cette humanité, Israël a lui-même sombré dans l’inhumanité.