Encore un édito sur la Palestine dans Le Courrier? Les images d’enfants brûlés, démembrés, de bébés affamés à Gaza gâchent votre été au bord de l’eau? Désolé·es, l’armée israélienne ne prend pas de vacances. Le génocide poursuit son cours, plus de deux millions de personnes sont en train d’être annihilées. Se taire face à l’horreur n’est pas une option.
Mardi, les ministres européens des Affaires étrangères auraient pu sanctionner Israël. Ils avaient déjà reconnu qu’il ne respectait pas l’article 2 de leur accord d’association, en violant massivement tous les principes du droit international en Palestine. Ils auraient pu dénoncer cet arrangement très favorable à l’Etat hébreu ou au moins décréter un embargo sur les armes. Encore une fois, ils n’ont rien fait. A l’instar de la Suisse qui poursuit ses affaires comme à l’accoutumée avec un gouvernement génocidaire, y compris d’ordre militaire. Il ne s’agit plus ici de neutralité mais de complicité financée par nos impôts.
Face à la faillite morale de nos gouvernements, des citoyen·nes s’activent. Le mois dernier, le bateau Madleen, la marche mondiale vers Gaza et le convoi Soumud ont généré beaucoup d’espoir. Si aucune de ces initiatives n’a pu atteindre l’enclave et briser le blocus humanitaire, elles ont montré au monde que la société civile n’oublie pas Gaza.
Dimanche dernier, un nouvel esquif affrété par la coalition de la flottille de liberté, le Handala a quitté Syracuse. Le médecin Hicham El Ghaoui, à l’origine de la marche, lance une campagne visant à recueillir des fonds pour affréter cinq bateaux depuis la Suisse chargés de livrer du lait en poudre pour les nourrissons délibérément affamés par Israël. «Même si nous n’avons qu’une chance sur mille de réussir, nous essaierons encore. Et nous recommencerons», affirme le médecin sur les réseaux sociaux.
Dans son dernier rapport, Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU, explique que les violations des droits humains se poursuivent parce qu’elles sont lucratives et que des dizaines de multinationales les rendent possible. Là aussi, des actions sont en cours, des boycotts s’organisent, renforçant le travail que la campagne Boycott désinvestissements et sanctions (BDS) mène depuis des années contre la colonisation et l’oppression.
Notre impuissance n’est pas une fatalité. Nous pouvons agir à notre échelle. En juin, des dockers de Marseille et de Gênes ont refusé de charger des pièces d’armement à destination d’Israël. Lundi, des ONG ont demandé à la justice de faire annuler le contrat de la Confédération avec le fabricant de drones israéliens Elbit System. Le boycott est un outil puissant dont nous devons nous emparer. Continuons aussi de manifester et de dénoncer. Face au drame le plus abject de notre époque, ne rien faire n’est pas une option.