Votre article sur l’attentat dans l’église de Damas a raison de placer cet évènement barbare dans un contexte de déstabilisation du nouveau gouvernement syrien. Mais il ne mentionne pas que la série d’évènements impliquant aussi alaouites et druzes a commencé avec l’occupation par Israël immédiatement après la chute du régime Assad d’une tranche supplémentaire du Golan et des bombardements de matériel militaire syrien. Israël a tout intérêt à faire échouer le gouvernement actuel.
Le rôle de l’Occident «chrétien» dans l’histoire syrienne est plus qu’ambigüe. Quand en 2011 la société syrienne s’est soulevée pacifiquement contre la répression inhumaine de Bachar al-Assad, où étaient les pays occidentaux? Quand en 2013 le gouvernement Assad a utilisé des armes chimiques contre sa propre population, ils n’ont rien fait non plus – jusqu’à ce qu’Obama envisage des frappes contre lui. A ce moment-là – et pas avant – le pape a appelé à une journée de prière pour la Syrie.
Tout comme les pouvoirs «chrétiens», les responsables d’églises en Syrie, catholiques et non catholiques, ont été prêts à collaborer avec un gouvernement brutalement autoritaire. Et ils ont contribué à renforcer chez les chrétiens ce complexe de minorité remarqué et regretté par leurs amis musulmans.
Les plus clairvoyants parmi les chrétiens syriens comprennent que leur avenir dans leur pays passe par leur engagement dans la société plus large, tout en maintenant leur identité religieuse. Et il y a actuellement une espace d’ouverture pour un travail commun de tous les syriens, comme le montre le projet non confessionnel «Mémoire créative de la révolution syrienne» (https://creativememory.org/fr/) dont une partie est exposée au Musée national de Damas. C’est une chance à ne pas laisser passer.
Hilary Kilpatrick,
Lausanne