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Le Courrier L'essentiel, autrement

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Faire baisser la température

Si se placer sous un brumisateur est incontestablement agréable, il faudra bien reprendre sa route, sur ce trottoir brûlant et ensoleillé. Il devient urgent de ne plus penser en termes d’îlots de fraîcheur, mais de cheminements au frais. KEYSTONE
Réchauffement climatique

Brumisateurs, plantation d’arbres, espaces dégrappés de leur bitume, fontaines, jeux d’eau, etc. Depuis quelques années déjà, les villes ont pris conscience des problèmes liés au réchauffement climatique dans les centres urbains. Nos cités, qui se sont fortement étendues ces cinquante dernières années, ne supportent pas la chaleur. Et pour cause, construites pour permettre au plus grand nombre de se déplacer rapidement en voiture, elles sont massivement bétonnées, des routes aux trottoirs, en passant par les squares. Lorsque les températures augmentent et que s’installent les canicules de plus en plus nombreuses, les villes se transforment en îlots de chaleur, jour et nuit, ne laissant plus de répit aux habitant·es et constituant un risque mortel pour les personnes les plus fragiles – aîné·es, nourrissons, malades.

Il est donc devenu primordial de les adapter. A ce titre, les efforts des autorités sont louables. Mais installer des îlots de fraîcheur au milieu d’un océan de chaleur, c’est un peu comme tenter d’écoper le Titanic avec une épuisette après sa funeste rencontre avec un iceberg. Si se placer sous un brumisateur est incontestablement agréable, il faudra bien reprendre sa route, sur ce trottoir brûlant et ensoleillé. Les villes vont donc devoir aller beaucoup plus loin pour rester vivables quand on sait que nos émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et, avec elles, les températures du globe. Il devient urgent de ne plus penser en termes d’îlots de fraîcheur, mais de cheminements au frais. Sinon, celles et ceux qui le peuvent laisseront tomber la marche ou le vélo pour leur auto climatisée, aggravant encore la situation. Le débat autour des climatiseurs, qui déchaîne les passions en France comme en Suisse, en est l’illustration parfaite.

Les initiatives locales ne doivent donc pas nous faire oublier que la question du réchauffement climatique est globale et systémique. Nos économies et nos dirigeant·es, dopé·es à la croissance, redoutent tout ralentissement, toute décroissance, nous entraînant dans une fuite en avant toujours plus rapide.  Il est plus que jamais nécessaire de changer de braquet et de se mobiliser pour infléchir cette trajectoire mortifère.