Les délices de l’entre-soi ont ceci de bon qu’ils libèrent la parole. Preuve en est la prestation de l’ineffable conseiller fédéral Ignazio Cassis lors de l’assemblée générale de l’Union patronale suisse le 24 juin dernier.
Entre deux enfonçages de portes ouvertes – les patrons «créent de l’emploi» et «génèrent des revenus», merci pour les ouvrier·ères –, il a fait montre d’un populisme de bas étage en abordant la question de la migration. Car il y a les bon·nes migrant·es, celles et ceux dont l’économie a besoin, en provenance de l’Union européenne.
Et, dans la vulgate d’Ignazio Cassis, il y a les mauvais·es migrant·es. Celles et ceux qui saturent le marché du logement ou qui piquent le boulot des autochtones aux bras noueux. On se doute que dans son imaginaire, ils et elles sont un peu plus basané·es. Et le bon peuple, est-il sot, confond migration légale et illégale, asile et libre circulation des personnes. Avec ce genre de professeur, nul doute qu’un savant gloubi-boulga est de mise, tranquillement distillé par un élu du Parti libéral-radical. A quand la fusion avec l’Union démocratique du centre?
Conscient sans doute que son discours ne dépareillerait pas dans un meeting d’extrême droite, le conseiller fédéral donne la recette pour bien dormir la nuit: «Arrêtez de lire les journaux». Attaquer les méchant·es journalistes qui ont l’outrecuidance de le mettre face au miroir de ses excès langagiers, cela dispense opportunément de répondre sur le fond. Il est tellement plus simple et plus reposant de pontifier sur les réseaux sociaux.
Cela a l’apparence du trumpisme, le goût du trumpisme… c’est que c’est sans doute du trumpisme. Avec ce genre d’édile, on se prépare des lendemains riants.