«L’Europe devra payer un prix énorme pour sa défense (…) Ce sera votre victoire», écrivait Mark Rutte à l’attention de Donald Trump, à la veille du sommet de La Haye. Le chef de l’OTAN se félicitait de l’engagement des 32 Etats membres de l’alliance transatlantique, confirmé mercredi, à augmenter drastiquement leurs dépenses militaires. Celles-ci devraient passer à 5% du PIB en moyenne, d’ici 2035 – alors que le cap fixé jusqu’à présent était de 2%.
Le message de Mark Rutte représente une honteuse génuflexion devant le président étasunien d’extrême droite, qui vient de bombarder l’Iran au mépris du droit international et soutient le nettoyage ethnique en cours à Gaza. Il confirme aussi une tendance de fond, explicitée par le secrétaire général de l’OTAN en décembre dernier: pour approfondir la hausse des budgets militaires, entamée depuis plus d’une décennie, les populations des pays membres de l’alliance doivent «faire des sacrifices». Davantage d’armes rimera avec davantage de pauvreté et d’inégalités.
Selon M. Rutte, l’objectif est de garantir la «défense» des citoyen·nes d’Occident. Dans le contexte d’une montée des rivalités entre blocs impérialistes, la fuite en avant actée à La Haye renforcera au contraire les logiques guerrières et leurs conséquences dévastatrices. «En 2024, le nombre de personnes tuées dans des conflits armés (…) a été plus élevé qu’au cours des dernières années, et probablement depuis des décennies», rappelle l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm1> Sipri Yearbook 2025: Armaments, disarmament and international security..
La militarisation en cours a aussi un volet domestique. Pour faire taire les manifestant·es s’opposant aux rafles de l’ICE contre les travailleur·ses immigré·es, Donald Trump n’a pas hésité à mobiliser la Garde nationale et les Marines. Justifié par de supposées menaces extérieures, le renforcement de l’appareil répressif vise aussi les «ennemis intérieurs»: les classes les plus précarisées, la plupart du temps racisées, et les mouvements de contestation. Un phénomène qu’on retrouve en Europe, notamment en France, où les mobilisations sociales sont confrontées à une violence étatique croissante.
Ce cocktail dangereux de réarmement, d’austérité et de mesures liberticides n’épargne pas la Suisse. Mercredi, la conseillère fédérale (PLR) Karin Keller-Sutter a confirmé les grandes lignes d’un programme d’économies drastique, censé financer l’explosion des dépenses militaires imposée par le bloc bourgeois. Tandis que, dans les rues et les universités helvétiques, une répression multiforme tente de brider le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien.
Notes