«La dernière vision d’Israël pour Gaza a un nom: camp de concentration»1>+972, 1er avril 2025.. Lundi 5 mai, la prédiction du journaliste israélien Meron Rapoport a été confirmée par Benjamin Netanyahou, qui a rendu public son plan de «conquête». Au programme: l’occupation durable de la majeure part de l’enclave par l’armée israélienne, tandis que 2 millions de Gazaoui·es seraient parqué·es dans un «complexe humanitaire» entouré de barbelés. Objectif déclaré: pousser un maximum de Palestinien·nes à l’exil.
De l’aveu d’Eyal Zamir, chef d’état-major de l’armée israélienne, cette opération coûterait probablement la vie aux 59 otages encore détenu·es par le Hamas. En abandonnant la principale justification à son assaut meurtrier, le gouvernement israélien tombe définitivement le masque. Il confirme aussi le principal but du gouvernement israélien, identifié il y a plusieurs mois par Francesca Albanese, la rapporteuse des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés: loin d’être une «réponse» à l’attaque du Hamas, le génocide en cours à Gaza s’inscrit dans un projet de longue haleine, entamé dès 1948. Il s’agit de «coloniser totalement les terres palestiniennes tout en éliminant autant de Palestiniens que possible et comme un moyen de parvenir à cette fin»2>Francesca Albanese: L’effacement colonial par le génocide. 1er octobre 2024..
Cette intention est désormais assumée ouvertement par Netanyahou et ses sbires. Et pourtant, rien ne bouge du côté de la communauté internationale. Refusant toute sanction, Etats-Unis comme Union européenne continuent à commercer avec l’Etat d’Israël – et, pour certain·es, à lui fournir les bombes qui massacrent les Palestinien·nes.
En Suisse aussi, c’est business as usual. Se disant «alarmé» par les derniers développements à Gaza, le Conseil fédéral se garde bien de bouger une oreille. Il est vrai que l’exécutif a les coudées franches. Depuis dix-neuf mois, les partis bourgeois sont alignés sur le conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis, indéfectible soutien au gouvernement Netanyahou. Quant aux principales composantes de la gauche politique et syndicale (PS, Vert·es et Union syndicale suisse), elles semblent plongées dans l’apathie – contrairement à la société civile, qui multiplie les mobilisations de solidarité.
Il y a une semaine, les Vert·es ont enfin durci un peu le ton, en enjoignant le Conseil fédéral à faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à son assaut meurtrier. Quelques jours plus tard, Mattea Meyer, vice-présidente du Parti socialiste suisse, dénonçait la famine infligée à la population gazaouie et interpellait – mollement – Ignazio Cassis.
Positifs, ces gestes restent pour l’heure symboliques. En effet, seules des mesures de rétorsion économique, politique et militaire pourront changer la donne. Et une intense pression, populaire et politique, sera indispensable pour pousser le Conseil fédéral à l’action. A quand une manifestation nationale à Berne, portée par l’ensemble de la gauche helvétique, pour exiger enfin des sanctions contre Israël?
Notes