Il y a un an exactement, des étudiant·es commençaient à occuper les campus en soutien au peuple gazaoui. A l’époque, une grande majorité de citoyen·nes était persuadée que la liberté d’opinion, d’association et d’expression étaient des droits chers à la Suisse et qu’ils seraient défendus par les universités. Depuis les évacuations par la police, pour certaines très musclées, puis les poursuites en justice, le doute s’immisce, le verni se craquelle, l’inquiétude s’impose.
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Vêtu·es de keffiehs ou de t-shirts à pastèque, les manifestant·es réclamaient la fin des partenariats académiques avec des universités israéliennes qui collaborent avec l’armée. Elles et ils dénonçaient le silence assourdissant de la Confédération face aux massacres perpétrés par Israël – dont le bilan aujourd’hui s’élève à plus de 51’000 morts. Comment étudier sereinement lorsqu’un génocide est retransmis en direct sur nos téléphones?
Ces demandes légitimes ont pourtant pour la plupart été balayées de manière choquante. Lorsque l’on critique Israël, avec qui la Suisse entretient de nombreux partenariats technologiques et militaires, on dérange, voire on se retrouve accusé d’antisémitisme. Les institutions académiques se sont embourbées dans des ultimatums, des sanctions et des dénonciations pénales dont toutes n’ont pas été retirées à ce jour.
Pour faire bonne figure, les universités suisses ont annoncé qu’elles accueilleraient des débats pour éclairer le conflit au Moyen-Orient. Un an plus tard, force est de constater que presque rien n’a été fait. Pire, une frilosité mortifère règne dans les couloirs des alma mater. Une longue liste de projections de films, expositions, conférences organisées par la communauté estudiantine jugées «trop orientées politiquement» ont été annulées. A l’instar d’une conférence de Léopold Lambert sur l’architecture du colonialisme de peuplement en Palestine à l’EPFZ ou de la projection à l’EPFL du documentaire de Rifat Audeh The Truth, Lost at Sea. Les craintes sur l’intégrité académique sont montées d’un cran lors du non-renouvellement du contrat du professeur Joseph Daher par l’université de Lausanne.
Nos universités doivent immédiatement corriger le tir. Il est antidémocratique de tenter d’évacuer les revendications politiques des campus. Le véritable enjeu n’est pas la sécurité des écoles, comme il en a été prétexté, mais notre capacité d’indignation face à l’extermination d’un peuple. Chacun·e doit pouvoir prendre la parole pour dénoncer ce génocide et faire pression sur nos autorités et institutions pour qu’Israël y mette fin le plus vite possible.