«Des zones de mort aux proportions énormes.» C’est ainsi que l’ONG Breaking the Silence définit les «zones tampons» qui mangent une part croissante de la bande Gaza. Les troupes d’occupation y ont pour mission de tirer sur tout ce qui bouge et d’anéantir méthodiquement quartiers résidentiels, bâtiments publics, écoles, mosquées et cimetières.
Alors que 65% de l’enclave est déjà interdite à ses habitant·es, Israël s’apprête à incorporer la ville de Rafah à ces périmètres dévastés, et annonce un durcissement de son assaut militaire. Tout sera fait «conformément à la vision du président américain, que nous nous efforçons de concrétiser», indiquait samedi le ministre de la Défense, Israël Katz.
Pour enrayer cette radicalisation du nettoyage ethnique en Palestine, le renouvellement du cessez-le-feu et la levée du blocus humanitaire contre Gaza sont des mesures urgentissimes, revendiquées par les responsables des principales agences onusiennes. Mais balayées par le gouvernement Netanyahou.
Un élément inédit pourrait cependant contribuer à changer la donne. La semaine dernière, une lettre ouverte, paraphée par près de 1000 réservistes de l’armée de l’air de l’Etat hébreu, a provoqué «une onde de choc dans la société israélienne», selon le quotidien Haaretz 1>15 avril 2025. Les signataires y appellent au retour des otages israéliens et à la fin des combats à Gaza, dénonçant une guerre servant les seuls intérêts politiques personnels de Benjamin Netanyahou. Leur appel a été soutenu par des milliers de vétéran·es et de réservistes des différents corps armés ainsi que d’ancien·nes membres et dirigeant·es des services de sécurité. «C’est vraiment nouveau; il n’y a jamais eu un tel point de rupture, mettant la légitimité du régime en danger», analyse Yael Berda, sociologue à l’Université hébraïque de Jérusalem2>Citée par le média en ligne israélien +972, 11 avril 2025..
Même si elle n’exprime pas une solidarité avec les Palestinien·nes, cette fronde au sein de l’armée est un signal d’espoir. Son impact pourrait être décuplé par l’adoption de sanctions internationales, mettant le gouvernement israélien dos au mur. La Suisse, qui aime à rappeler sa «tradition humanitaire», devrait montrer l’exemple. Elle en est malheureusement loin. «Nous entretenons réellement des relations amicales [avec la Suisse] et j’en suis fière et reconnaissante», confiait samedi l’ambassadrice d’Israël en Helvétie, Ifat Reshef3>Le Temps, 13 avril 2025.. Le berceau des Conventions de Genève continue sa lune de miel avec un Etat génocidaire. Pendant que les cadavres s’empilent.
Notes