En Allemagne, cinq membres de Letzte Generation [«Dernière génération»] sont accusé·es de participer à une organisation criminelle. Leur crime? Avoir protesté contre l’inaction climatique en bloquant des routes, en ciblant des œuvres d’art dans les musées ou en s’introduisant sur des pistes d’aéroport.

Un crime?

La Cour européenne des droits de l’homme (CrEDH) a tranché depuis longtemps: les actions de désobéissance civile pacifiques et proportionnées relèvent de la liberté d’expression et d’opinion.

Qu’importe. La Justice réprime, criminalise et enferme les activistes. Elle fait ainsi taire la protestation. Cet effet dissuasif (chilling effect) est aussi dénoncé par la CrEDH.

Un crime? En tant qu’avocate, cette qualification me choque.
Avril 2024. Dans un arrêt historique, la même CrEDH a condamné la Suisse pour inaction climatique.

Qu’importe. Le Conseil fédéral conteste la décision. Notre gouvernement estime pouvoir se soustraire à une condamnation émanant d’une juridiction au fondement de notre système judiciaire.

En tant que citoyenne, c’est l’insubordination de nos autorités politiques qui m’indigne.

Mars 2025. Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe rappelle à l’ordre la Suisse, considérant que celle-ci n’en fait pas assez pour respecter ses engagements climatiques.

Qu’importe. Rares sont les médias helvétiques qui ont relayé cette information. Le débat en est occulté.

En tant que mère, c’est ce silence, cette inaction climatique qui me sont inacceptables.

J’affirme que dénoncer cet écocide par des actions de désobéissance civile pacifiques et proportionnées est légal, légitime et nécessaire. Malgré la répression qui s’abat sur les lanceur·ses d’alerte, malgré la politique qui vise le court terme, malgré l’interdiction de faire des recherches sur le climat dans ce qui fut la plus grande démocratie du monde, malgré toute autre raison.

Face au changement climatique, le crime est de ne pas agir.
Ich bin Letzte Generation.