Dans un article du 3 février dernier, relatant une conférence de presse tenue la veille par des représentants du personnel sous contrat FASe et leurs syndicats, une information erronée est malencontreusement venue se glisser: l’autrice de l’article y annonce en effet que la FASe «gère notamment les maisons de quartier, terrains d’aventure…». Si cette institution a bien «un mandat au service des associations de centres» (art 1 al. 2 de la loi J6 11), ce sont les comités de gestion de ces associations qui, comme leur nom le précise assez clairement, sont seuls chargés de piloter ces lieux d’animation. Le secrétariat de la Fondation apporte certes un soutien bienvenu à leurs comités d’habitants bénévoles, en les déchargeant par exemple de certaines tâches administratives liées à l’engagement et à la rétribution de leur personnel. Cependant, sauf à ignorer la raison d’être première de l’animation socioculturelle (ASC), il ne peut en aucun cas être affirmé que ce serait l’institution centrale qui en gérerait l’expression sur le terrain et dans les quartiers. L’ASC a en effet pour objectif de donner à des habitants soucieux d’améliorer ce qu’il est convenu d’appeler le bien vivre ensemble le pouvoir d’agir par eux-mêmes, au plus près des besoins et dans un engagement citoyen complémentaire à l’action des pouvoirs publics.
A la lumière de ce qui précède, il ne devrait pas être possible de prétendre inverser l’ordre des choses et d’affirmer que ce serait les associations qui rempliraient un mandat au service de la FASe. C’est pourtant ce à quoi l’institution, du haut de sa tour d’ivoire, s’emploie depuis plus de deux décennies et qui explique probablement la méprise à l’origine de cette demande de correctif. Sous la houlette d’un secrétaire général frappé du syndrome d’Iznogoud (le vizir qui voulait être calife à la place du calife) et avec la bénédiction d’un ancien conseiller d’État qui avait tenté d’imposer le principe du «qui paye commande», la fondation se présente chaque fois qu’elle le peut comme l’acteur central de l’animation socioculturelle genevoise. Plus grave, elle mène depuis des années une guerre d’usure permanente pour s’approprier les prérogatives des associations et reléguer leurs comités à un simple rôle de faire-valoir. Mais qu’on ne s’y trompe, aujourd’hui comme hier ce sont bien les centres, leurs militants associatifs bénévoles et leur personnel qui mènent la barque de l’ASC à Genève. En vertu d’une loi qui précise bien, dans son article 3, que les associations définissent leur politique d’animation et gèrent les ressources qui leur sont confiées. N’en déplaise à certains, il est à souhaiter, pour que soit préservées la qualité, la diversité et l’originalité du travail accompli jusqu’à ce jour un peu partout dans le canton, qu’il en soit encore ainsi longtemps!
Enfin, et pour les mêmes raisons, il est erroné d’affirmer que la fondation emploierait les 1 600 et quelques personnes sous contrat FASe. Seul un petit quart de celles-ci est réellement géré par l’institution. Les autres sont le personnel des associations. Personnel d’encadrement, administratif ou technique qui fait vivre les maisons de quartier, centre de loisirs, terrains d’aventure et jardins Robinson sous l’autorité de leurs comités. C’est pourtant cette version trompeuse d’une entité en charge de l’ensemble du dispositif de l’animation socioculturelle genevois qui est régulièrement mise en avant et qui permet aujourd’hui à la FASe de prétendre à une revalorisation salariale de ses cadres. Revalorisation dont sont exclues les nombreuses fonctions mal voire très mal rétribuées que sont par exemple celles de nettoyeuses et nettoyeurs ou de monitrices et moniteurs. Vous avez dit justice sociale?
Vital Dorsaz,
animateur socioculturel, Maison de quartier Sous l’Etoile (Genève)