Greenpeace a été condamné mercredi aux Etats-Unis à verser 665 millions de dollars (587 millions de francs) en dommages et intérêts à Energy Transfer, le propriétaire du Dakota Access Pipeline. Un jugement qui, s’il était confirmé, signifierait tout simplement la faillite de l’ONG environnementale. Greenpeace a bien sûr fait appel et une longue bataille juridique s’annonce.
Il s’agit d’une nouvelle procédure-bâillon visant à faire taire les voix critiques. Greenpeace relève que le jury de cette cour du Dakota du Nord était composé pour moitié de personnes liées à l’industrie extractiviste…L’affaire de cet oléoduc a déjà fait couler beaucoup d’encre, car l’installation traverse des terres sacrées pour les Sioux qui représentent les peuples premiers résidant sur ces territoires. Autre reproche: le risque de pollution des réserves d’eau potable. De nombreuses mobilisations avaient été organisées en 2017, dont certaines avaient été violemment réprimées. Estimant avoir subi un préjudice, Energy Transfer avait saisi la justice.
Alors fraîchement élu, Donald Trump avait relancé le projet quelque peu entravé par l’administration de Barack Obama. La Garde nationale avait même participé à l’évacuation des sites occupés! Au-delà de Greenpeace, c’est aussi la société civile qui est dans le collimateur.
La question posée par ce jugement inquiétant est double: d’une part, il s’inscrit dans la montée de l’extrême droite étasunienne au pouvoir avec Trump II, qui s’attaque de manière frontale aux normes environnementales et aux institutions visant à défendre le droit élémentaire à la santé, voire à la survie de l’espèce humaine. Une manifestation du technofascisme au pouvoir qu’incarne un Elon Musk, avec une nature asservie et réduite à l’état de simple marchandise.
Et, au niveau suisse, on rappellera que Credit Suisse était indirectement partie prenante du projet via des lignes de crédits pour financer le mégaprojet de pipeline devisé à 3,8 milliards de dollars (avec un montant de 1,4 milliard piloté par ses soins).
Cela avait valu à la banque suisse des pressions et de menaces de désinvestissement de certains fonds de pension. Et des manifestations assez cocasses, sous forme de matchs de tennis improvisés dans telle ou telle agence. Une manière de pointer les liens entre l’établissement bancaire et Roger Federer, gloire nationale tennistique sponsorisée par le géant financier. Depuis, Credit Suisse est mort et a été absorbé par UBS. Y compris ces investissements douteux, tant sur le plan environnemental qu’en matière de durabilité financière?