Tu ne connais rien au journalisme.
Ni à la crise de la presse, par ailleurs.
Les pertes d’emplois que celle-ci a déjà engendrées te font penser à ton père qui, quand tu avais dix ans, a perdu le sien, et au tsunami que cela a signifié pour ta famille.
La disparition du journal papier te fait penser aux arbres, sans que cela crée un avis, une opinion intelligente ou intelligible que tu pourrais relayer ici.
Ce que tu retiens de l’intelligence artificielle, c’est la quantité d’eau que consomme une simple requête sur une IA.
Un demi-litre semble-t-il.
Pour mettre cette quantité en perspective, un être humain adulte devrait idéalement boire un litre et demi d’or bleu par jour.
Pour t’éclairer quelque peu sur tous ces sujets, tu te tournes – en plongeant dans ton dictionnaire historique de la langue française (Rey, 2019), version papier, coucou les arbres, combien d’entre vous pour plusieurs milliers de pages – vers ce qui te semble être leur faîtière:
l’information / informer.
Informer
[…] d’après le latin de l’ancien français enformer «donner forme à» (1174)
[…] issu de informare, «façonner, donne forme»
Information
[…] le nom est d’abord attesté (1274) au sens juridique et courant d’«enquête faite en matière criminelle» (1323, faire des enformations «procéder à des enquêtes judiciaires»).
Aujourd’hui, c’est dimanche.
Il est 08:41 et tu as jusqu’à demain pour rendre ce texte. En réalité il te reste 1h et 19 minutes pour le terminer parce qu’à 11h, tu as rendez-vous avec ton père pour aller au cinéma et qu’avant cela, tu dois te laver les cheveux. Tu te laves les cheveux une fois tous les deux semaines (si, si).
Tu détestes te doucher.
La douche, pour ton système, ce sont des milliers de petites gouttes qui piquent ta peau les unes après les autres, sans lien entre elles. Les gouttes finissent éventuellement par se rassembler en une unité harmonieuse, quand elles se glissent dans le conduit d’évacuation et qu’elles continuent leur vie dans des tuyaux, mais cette mise en commun, tu ne peux pas en être témoin.
Ton lien à l’information telle qu’elle te semble être souvent exprimée actuellement, est assez similaire. Des milliers de petites gouttes qui piquent tes neurones et créent de petites décharges électriques sans liens entre elles.
L’avenir du journalisme serait-il à trouver
– après avoir patiemment observé la pluie tomber, ce que ni les réseaux sociaux ni les intelligences artificielles ne sont en mesure de faire, te semble-t-il –
dans la chaleur réconfortante du bain hebdomadaire,
dans le coup de fouet inhérent à l’immersion dans un lac de montagne lors de la randonnée estivale, dans les circonvolutions patientes et obstinées du cours de la rivière,
dans le ressac brutal des vagues océanes qui sans cesse, après s’être heurtées à la berge rocheuse, reviennent sur elles-mêmes?