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Vers une neutralité «flexible»?

Le centriste Martin Pfister, élu ce mercredi au Conseil fédéral. KEYSTONE
Conseil fédéral

Emballé, c’est pesé. L’élection au Conseil fédéral a été rondement menée ce mercredi. Le suspens n’a pas duré: Martin Pfister a été élu au second tour déjà. A une voix près, il passait même au premier tour!

C’est sans doute la campagne électorale interne aux partis qui a fait la différence. Son challenger, Markus Ritter, cumulait par trop de défauts et sentait un peu le souffre. Sa proximité avec un mouvement évangélique jugé problématique et potentiellement sectaire l’a sans doute desservi.

A droite, le PLR semble avoir préféré le Zougois au Saint-Gallois qui sortait plutôt d’un moule crypto-udéciste. Quant aux député·es de gauche et vert·es, ils et elles ont manifestement préféré son opposant, moins clivant et moins eurosceptique. Mais bien conservateur quand même.

C’est à un nouveau glissement à droite qu’on a pu assister hier. A l’image de ce parlement d’ailleurs. Le Conseil fédéral sera plus masculin (avec deux élues rescapées), âgé (avec une moyenne à 61 ans) et conservateur. Le paradis fiscal zougois place l’un des siens dans ce Saint des Saints. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les forces porteuses de progrès social.

Mais cela n’est guère surprenant au vu de la dérive droitière d’un marigot fédéral de plus en plus coupé des réalités de la population. Il n’y a qu’à voir le lustrage des brodequins opéré par Karine Keller-Sutter après le discours lunaire et insultant d’un J.D. Vance, vice-président des Etats-Unis, porteur d’une rhétorique d’extrême droite.

Martin Pfister se sentira-t-il comme un poisson dans l’eau dans ce rapport de force politique? Lui qui se déclare en faveur d’une neutralité suisse «flexible». Il est probable que l’armée en plein marasme lui sera confiée. Charge à ce colonel de reprendre en main le bateau ivre qu’est devenu le département de la Défense.

Mais le véritable enjeu, au-delà des démissions en cascades, des petits arrangements qui semblent être le quotidien de ce département ou de la découverte que le choix des avions de combat F-35 étasuniens n’était finalement pas une option stratégique si intelligente, sera le positionnement de la Suisse dans la recomposition géostratégique en cours.

Le lâchage du Vieux Continent par la clique mafieuse qui règne en maître à Washington oblige notre pays à se trouver un nouveau rôle. A se réinventer. Or, à l’heure actuelle, on est loin du compte. C’est le syndrome du rétroviseur qui prédomine.

Mais la Suisse ne peut plus se voir comme un lieu de discussion, comme au temps de la guerre froide, elle qui se montre même incapable de défendre les Conventions de Genève dans le conflit israélo-palestinien en adoptant des positions partisanes et à rebours du droit international qui risquent de se retourner contre elle.

Loin d’être une punition, le département de la Sécurité sera stratégique dans cette recomposition en cours.

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