Alors que la Confédération a récemment publié son rapport Gaillard1> Lire notre édito du 12 septembre 2024, ndlr. marquant une volonté de réduire les dépenses concernant la recherche et la formation, que le groupe UDC Genève demande à ce que les étudiant·es étranger·ères paient des frais de formation jusqu’à 1500 francs par semestre et que les jeunes libéraux-radicaux veulent un remboursement rétroactif des études si la personne qui en a profité ne trouve pas de travail à temps plein – absurdité par ailleurs extrêmement sexiste –, les étudiant·es du tertiaire sont de plus en plus précaires.
Les partis bourgeois ont pour volonté de mettre à mal l’égalité des chances dans le système éducatif. En effet, si les études deviennent un luxe, alors les personnes qui n’ont pas les moyens, malgré leur volonté, ne pourront se permettre d’étudier, creusant l’exclusion et l’élitisme dans la formation. Il est nécessaire de se battre contre cela: ne faisons pas des études un privilège.
Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), plus de 72% des étudiant·es doivent travailler à côté de leurs études pour survivre. Pourtant, les revenus de ces emplois ne permettent de couvrir que 40% des dépenses de chacun·e. Ce chiffre, choquant pour certain·es, banal pour d’autres, est en réalité alarmant. Cette situation n’est pas normale et crée des inégalités dès le départ.
Pendant qu’un·e étudiant·e se tue à la tâche entre haute école et emploi, un·e autre, plus favorisé·e, aura plus de temps à consacrer à ses études. Résultat: meilleures notes, meilleur diplôme, meilleur emploi. Les inégalités ne s’arrêtent pas aux portes de l’université.
On objectera, à juste titre, qu’il existe un système de bourses. Existant, mais insuffisant. En effet, selon les mêmes chiffres, le système de bourses et prêts – qui a pour conséquence, à l’américaine, de s’endetter pour étudier – ne permet de combler que 4% des dépenses mensuelles de chacun·e. Cette façon de faire, notamment à Genève, part d’une bonne intention mais reste largement insuffisante. De plus, l’accès à ces bourses est, pour les étudiant·es étranger·ères, un véritable chemin de croix: il leur faut prouver qu’iels sont «dignes» de recevoir cette aide pourtant essentielle.
Ces coupes budgétaires dans l’éducation, tant prisées par les libéraux, ne sont pas une bonne idée, y compris si l’on va dans leur sens. En effet, réduire ces dépenses ne peut mener qu’à deux conséquences: soit une baisse de qualité de l’enseignement et de la recherche, entraînant une diminution de la compétitivité (qui leur tient tant à cœur) des étudiant·es, soit une augmentation des coûts pour celles et ceux qui étudient, mettant à mal le concept même de formation pour tous et toutes. De plus, rappelons que pour chaque franc investi dans l’éducation, la Suisse en reçoit jusqu’à cinq en retour.
Notons par ailleurs que la formation, en elle-même, a un coût: déplacements, frais de restaurants universitaires (nos voisin·es ont réussi à plafonner ces coûts à 1 ou 3 euros par étudiant·e), livres et fournitures.
A cette précarité estudiantine s’ajoute celle qui touche l’ensemble de la population, due à l’inflation, la crise du logement et la hausse des coûts du quotidien. Cela sans même atteindre le seuil de pauvreté. Notons par ailleurs que cette paupérisation du jeune mène à une détérioration de sa santé mentale liée à ce stress, poussant parfois jusqu’à la dépression.
Malgré tout, cet article n’est pas qu’une litanie de lamentations et une énumération des difficultés. Nous devons garder espoir. En effet, certains partis de jeunes – et désormais de moins jeunes – sont conscients de ces difficultés; les associations font de leur mieux pour lutter contre cette précarité grandissante. Cependant, il est nécessaire de compter sur un soutien populaire face aux obstacles futurs qui attendent les étudiant·es, leur porte-monnaie et, a fortiori, leur santé mentale. Le peuple sait se mobiliser contre la précarisation des personnes qui la subissent déjà. Disons stop aux économies sur le dos des étudiant·es.
Notes