Dans l’édition du Courrier du 7 février, Jean-Daniel Ruch, ex-ambassadeur suisse en Israël, déplorait «une Suisse calquée sur l’agenda israélien». Avec les vagues de dédiabolisation de l’extrême droite permises par la faiblesse des droites traditionnelles en France, en Allemagne, en Autriche et ailleurs, il n’y au-rait plus non plus de diable en Suisse?
Pourtant, le diable existe, et il menace souvent de l’enfer les Palestiniens de Gaza. Et il le réalise à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, et ailleurs, et depuis longtemps: entreprises de génocide avec une variante: l’exode forcé et le nettoyage ethnique. Il existe aussi en Suisse, où on trouve souvent au fond des bouillons au fumet de terroir un dépôt nationaliste de racisme et de xénophobie qui pourrit la vie de minorités.
Le monde selon Trump est un grand marché à conquérir par tous les moyens, y compris par les armes et l’écrasement, l’expulsion, le siège des populations. En Suisse, pour l’UDC, c’est les étrangers dehors!
Face à des discours, soit sournois, soit ouvertement agressifs comme celui d’un gouvernement israélien dominé par l’extrême droite, d’un président étasunien et de sa cour d’évangélistes sionistes et de libertariens qui rêvent de dominer le monde, Europe comprise, le choix est clair: ou la soumission, ou la fermeté.
Ou la distraction, la confusion, le silence et la surdité dans le bourdonnement des drones idéologiques que sont les think tanks financés par des clubs de milliardaires
Ou la fermeté et le refus d’une violence faite au nom de valeurs arbitraires d’un «camp occidental», de règles opportunistes à géométries variables qu’on tente de nous vendre en remplacement du droit interna-tional qui devient maintenant la «Zone à défendre».
Dans l’éventail des prises de positions politiques suisses (ou leur absence) il nous faudra reconnaître celles et ceux qui nous proposent ouvertement l’enfer, celles et ceux qui se cachent hypocritement derrière des professions de foi sans conséquences, et celles et ceux qui par leurs votes, par leurs actions, par leur inventivité, mettent en pratique la défense du droit international qui est la justice des peuples.
Concernant la Palestine il s’agit: de reconnaître l’État de Palestine; de rétablir, voir d’augmenter, la contribution à l’UNRWA; de soutenir la reconstruction de Gaza par les Palestiniens; d’appliquer une stratégie de politique extérieure et de politique économique pour obliger Israël à respecter le droit international en restituant tous leurs droits aux Palestiniens. Cette politique doit commencer par l’arrêt des collaborations complices de la colonisation et de l’apartheid.
Une fois la neutralité rétablie, la Suisse doit offrir ses bons offices pour la négociation de la recomposition de la Palestine en deux états démocratiques et souverains, en un état fédéral dénucléarisé ou en toute autre configuration qui établisse le droit des peuples à l’autodétermination et la justice pour tous de la mer au Jourdain, Ce serait la moindre, pour un pays hôte des Nations-Unies.
Blaise Crouzier,
Genève