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Faire front face au péril fasciste

Pour rappel, Alice Weidel, ancienne salariée de la banque Goldman Sachs, avait qualifié Hitler de «communiste» lors d’une causerie avec Elon Musk. KEYSTONE
Extrême droite

Ce sera brun foncé. Réuni en congrès les 11 et 12 janvier, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a annoncé la couleur de sa campagne pour les législatives du 23 février. «Lorsque Alice Weidel parle de remigration, la salle s’enflamme»1>NZZ, 13 janvier 2024.. Au cours de son assemblée, le parti d’extrême droite a plébiscité l’expulsion de millions de personnes d’origine étrangère. Leur candidate à la Chancellerie a eu des mots doux pour Björn Höcke, le représentant de l’aile radicale du parti. Plus tôt dans la semaine, cette ancienne salariée de la banque Goldman Sachs avait qualifié Hitler de «communiste» lors d’une causerie avec Elon Musk. Plus c’est gros, mieux ça passe.

Créditée de 22% des voix, loin devant les sociaux-démocrates du SPD, l’AfD est devancée dans les sondages par l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Cette dernière a exclu jusqu’ici toute coalition avec l’extrême droite. Mais les lignes pourraient bouger. Comme en Autriche, où Herbert Kickl, le chef du Parti de la liberté (FPÖ), adepte de la «remigration», antivax et proche du mouvement identitaire, est sur le point de s’entendre avec la droite conservatrice (ÖVP) pour diriger le pays. Déjà vu en Suède, en Finlande, aux Pays-Bas, en Slovaquie et en Italie, ce scénario fait saliver l’AfD.

Une nouvelle internationale fasciste cherche à se structurer, avertissait récemment le sociologue Ugo Palheta dans nos colonnes. Dopée par les milliards d’Elon Musk, cette mouvance tente de faire main basse sur l’Allemagne et la France – après avoir conquis l’Argentine et la principale puissance mondiale.

Cette montée en puissance est lourde de dangers. Elle pourrait entraîner une accélération brutale des politiques délétères promues par ces formations – un mix de néolibéralisme, d’autoritarisme, de bellicisime, de racisme et de sexisme. En témoigne le programme de choc appliqué par Javier Milei en Argentine, avec l’approbation des marchés financiers.

Le scénario est sombre, mais pas inéluctable. Au cours des dernières années, de gigantesques mobilisations ont remis en cause l’hégémonie de l’extrême droite sur tout le globe. A la jonction entre anticolonialisme et antiracisme, le mouvement de solidarité avec la Palestine représente la pointe avancée de cette résistance. Ce n’est pas un hasard si les formations néofascistes font de sa répression une priorité – tout en soutenant le gouvernement suprémaciste de Benjamin Netanyahou.

Dénoncer cette criminalisation devrait être une priorité pour toutes les forces progressistes. Cela pourrait aussi représenter un pas en avant vers la construction d’un front commun contre l’internationale brune. On n’a plus le temps d’attendre.

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