Une Main Tendue pendant les fêtes
Période de joie et de partage pour certain·es, les fêtes de Noël peuvent aussi être synonymes de solitude et d’angoisses pour d’autres. La Main Tendue prête une oreille attentive aux personnes en souffrance durant cette période ainsi que le reste de l’année. Entretien avec Catherine Bezençon, directrice de la section vaudoise de l’association.
Est-ce que La Main Tendue est davantage sollicitée pendant les fêtes de Noël?
Beaucoup d’appels nous parviennent pendant les fêtes, mais aussi durant l’été. Ce sont des périodes de vacances, donc les proches peuvent être absents. Ou alors, le commerçant du coin chez qui on a l’habitude de se rendre est fermé. Cela met des contraintes dans la vie des personnes pour qui la routine est indispensable. Les fêtes ont aussi la particularité de refléter les relations que les gens entretiennent avec leurs proches. Elles peuvent faire remonter en surface certaines disputes vécues. Peu importe la période de l’année, chacun devrait pouvoir trouver quelqu’un avec qui parler véritablement.
Quelles sont les raisons des appels en fin d’année?
Comme le reste de l’année, nous sommes sollicités pour tous types de souffrances: problèmes relationnels ou psychiques, une dépression, une addiction, de l’angoisse, un deuil, de la solitude. Tous les sujets peuvent être abordés sans tabou. Parfois, on ne se confie pas à son entourage par peur de déranger, d’inquiéter ou de se sentir jugé. Dans ces cas, La Main Tendue est toujours là. Nous sommes aussi sollicités pour la gestion du quotidien et des «petites choses de la vie» qui prennent la tête.
Avez-vous assez de bénévoles pour répondre durant cette période?
Oui, car nous avons la chance d’avoir des bénévoles très fidèles. Dans le canton de Vaud, en particulier, mais dans toute la Suisse aussi, les bénévoles demeurent actifs huit ou neuf ans. Dans d’autres associations, ce chiffre n’est pas toujours aussi haut. C’est principalement dû au sens qu’il y a à faire ce travail individuel et en équipe.
«La priorité est de créer du lien, à quelque niveau que ce soit» Catherine Bezençon
Comment se sentir bien pendant les fêtes?
En prenant soin de soi, en appréciant les petits bonheurs qu’on peut rencontrer tous les jours. Cela peut être un rayon de soleil, le rire d’un enfant, le brouillard sur le lac Léman… Se dire qu’un moment partagé avec une autre personne était beau et qu’on a eu du plaisir à la rencontrer.
Qui sont les personnes qui composent le 143?
Tout le monde. Toutes les catégories de personnes nous contactent, de toutes les couches sociales. Depuis le Covid, davantage de jeunes font appel au 143 car ils ont beaucoup souffert de cette période qui a impacté leurs années de construction parmi leurs pairs pour devenir adultes.
Comment se déroule un échange téléphonique?
Il faut que la personne se sente entendue. La priorité est de créer du lien, à quelque niveau que ce soit. Si la personne va très mal, nous la rejoignons là où elle est. Nous posons des questions pour voir ce qui a été tenté pour améliorer la situation. C’est important de valoriser ce qu’elle a entrepris de positif, car dans les périodes difficiles, on a de la peine à s’en rendre compte soi-même. Parfois, avoir un peu de recul permet d’être plus pragmatique et de porter un regard plus apaisé sur la situation.
Et comment se termine-t-il?
C’est souvent un mot d’encouragement, un moment où les deux personnes ont décidé de s’arrêter. On ne va pas régler toute une vie en un appel. C’est déjà bien de parler d’un souci concret du moment. Dans certains cas difficiles, nous pouvons encourager à rappeler plus tard, mais chaque appel est une rencontre «ici et maintenant». A un instant t, deux personnes se rencontrent au téléphone ou par tchat.
L’important est de réussir à créer du lien et d’avoir une relation authentique en faisant appel à ses propres émotions et à celles des appelants. Ce n’est qu’avec les émotions ressenties qu’on peut avancer, pas avec les faits.
Tél. 143, tchat ou e-mail sur www.143.ch, 7j/7, 24h/24