Après l’impact des investissements de la Banque nationale suisse sur le climat, celui du secteur des assurances, voici le poids des négociants en matières premières. L’ONG Public Eye vient de publier un rapport sur l’empreinte carbone des géants du trading implantés en terres helvètes¹>Manuel Abebe, en collaboration avec Robert Bachmann et Adrià Budry Carbó, «Cent fois plus polluants que la Suisse – le bilan climatique accablant des négociants suisses en matières premières», 9 novembre 2024, à lire sur publiceye.ch.

Un seul chiffre résume la gravité de la situation. Les cinq «majors» de ce secteur – Vitol, Trafigura, Glencore, Mercuria et Gunvor – émettent 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, une quantité cent fois supérieure à celle de la Suisse! Si l’on compare avec une grande nation, «les gaz à effet de serre produits par la combustion du pétrole et du gaz vendus par Vitol dépassent ceux du Brésil, pays classé au sixième rang mondial en matière d’émissions», lit-on dans le rapport.

Le tout se fait dans une opacité certaine et en recourant à des échappatoires. A commencer par l’achat des fameux certificats d’émission permettant de s’acheter une vertu écologique, sans prendre le problème à la racine. Car ces multinationales génèrent d’énormes profits. Mais ceux-ci sont soit versés aux actionnaires, soit réinvestis à 80% dans l’industrie des énergies fossiles plutôt que dans la transition énergétique.

A ce rythme, les objectifs de l’accord de Paris, discutés ces jours-ci à la COP29, s’éloignent à la vitesse grand V. Et avec eux grandit le risque de catastrophes qui tendent à se multiplier, comme les tragiques inondations du 29 octobre dernier à Valence, en Espagne, qui ont fait près de 230 mort·es et des dizaines de disparu·es.

Dans cette danse macabre climatique, il serait intéressant de questionner politiquement les conditions fiscales faites par les cantons suisses à ces entreprises pour qu’elles s’implantent sur leur territoire. Et peut-être les revoir. Mais qui osera peser sur ce levier?