Une stupéfiante ignominie
Gaza rasée à plus de 70%, plus de 40 000 cadavres recensés produits par la machine de guerre israélienne, au total très certainement plus de 100 000 victimes, sans compter les plus de 100 000 mutilés et malades privés de soins par l’acharnement impitoyable d’Israël contre les hôpitaux, les cohortes de gens affamés, assoiffés par le blocus inflexible d’Israël et incessamment déplacés, certains des prisonniers torturés et violés méthodiquement, etc., etc.; au total à Gaza, en bientôt trois cent soixante-cinq jours de bombardements quotidiens, jour et nuit, plus de 2 millions de victimes du terrorisme d’Etat israélien; et si on ajoute, en Cisjordanie, la poussée de la colonisation, donc des dépossessions et des annexions de terre accompagnées des violences contre la population palestinienne dont le nombre de morts a explosé depuis le 7 octobre, ainsi que les récentes destructions sur le modèle de celles infligées à Gaza, le bilan s’alourdit encore.
Eh bien, pour notre droite nationale, tout cela ne compte pas, ne pèse pas. Zéro. Ce qu’elle retient, ce sont les allégations par Israël que du personnel de l’UNRWA aurait participé au 7 octobre. Ça, ça a un poids pour notre droite. Alors qu’il n’en existe pas la moindre preuve. Aucune preuve (ce qu’indique le conditionnel). Que l’UNRWA ait licencié neuf employés pour leur «possible implication»1>www.ungeneva.org/fr/news-media/news/2024/08/96082/neuf-employes-de-lunrwa-seront-licencies-pour-leur-possible dans les attaques du 7 octobre n’est nullement l’aveu de la véracité de ces accusations. Mais ça, ça a du poids… et ça justifie de couper les vivres à l’UNRWA. Décision prise le 9 septembre par le Conseil national; que le Conseil des Etats doit encore approuver, mais vu sa composition politique, il serait étonnant qu’il diverge.
Pour notre droite nationale, les dizaines de rapports officiels détaillant le racisme systémique, l’apartheid, les tortures, les violences à portée génocidaire dont Israël se rend coupable envers le peuple palestinien, tous ces rapports fouillés, détaillés, sourcés, étalant un appareil de preuves à toutes les affirmations avancées, tous ces rapports donc n’existent pas. Tellement qu’elle n’en parle même pas. Pas un mot. Silence. Au contraire des accusations d’Israël dépourvues de la moindre preuve. Sur la base desquelles seules elle décide que notre pays ne doit plus verser de contributions à l’UNRWA.
Résumons: la droite élue de notre pays déclare ainsi solennellement approuver, encourager et applaudir, voire encore soutenir inconditionnellement la conduite ouvertement suprématiste, annexionniste et potentiellement constitutive d’un génocide d’Israël. Elle donne un blanc-seing au terrorisme et à l’apartheid d’Israël. En toute neutralité, cela va de soi.
Et cela, en notre nom.
Elle accorde sa totale confiance à un régime qui s’est distingué depuis le 7 octobre par une hasbara [éléments de langage à destination de l’étranger] défiant par ses mensonges en continu les plus riches heures de la propagande.
La conclusion imparable de ce sinistre épisode est que nos gouvernants n’éprouvent aucune honte à accorder leur plein soutien à un Etat en train de mener le premier massacre aux allures de génocide retransmis en direct sur nos écrans. On se retiendra de les qualifier, par crainte de suites indésirables…
La seule chose positive de cette affaire est que, désormais, au moins, nous voilà déniaisés.
Notes