Solidarité

«Tourbillon de souffrance» sur Gaza

Le Centre genevois pour l’avancement des droits humains revient sur une année de violations généralisées des droits humains en Palestine. Au moins 41’615 tué·es sous les bombes israéliennes à Gaza, dont des milliers d’enfants.
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«Tourbillon de souffrance» sur Gaza
A Gaza, 1,9 million de personnes sont déplacé·es internes, soit neuf Gazaoui·es sur dix. Photo: le camp de Khan Younis, le 22 septembre 2024. KEYSTONE
Gaza

Un tourbillon de souffrance». L’intitulé du rapport de recherche du Centre genevois pour l’avancement des droits humains et le dialogue global capture bien le propos. Publié en septembre et objet d’un débat organisé récemment par le Club suisse de la presse, le document examine l’impact de l’assaut meurtrier contre Gaza du point de vue des droits humains.

Les droits à la vie; à la liberté et à la sécurité; à l’éducation; à la santé; à l’alimentation et à l’assistance humanitaire; à l’absence de mauvais traitements et de tortures; et jusqu’au droit de pouvoir enterrer les mort·es dans la dignité. Tous ont été foulés aux pieds, écrit le Centre genevois pour l’avancement des droits humains.

Un constat qui peut être illustré par les chiffres publiés par les Nations unies fin septembre. Depuis le 7 octobre, 41’615 personnes ont tuées par les bombardements israéliens à Gaza, dont plus de 11’000 enfants – des chiffres largement en-deçà de la réalité si l’on en croit la revue médicale The Lancet, ainsi que les estimations du Comité pour l’enfance des Nations unies; 10’000 autres portées disparues sous les décombres; 96’359 blessé·es; 1,9 million (soit neuf Gazoui·es sur dix) de déplacé·es internes; 2,1 millions menacé·es de famine; 695’000 enfants privé·es d’école; 50’000 enfants souffrant de malnutrition aigüe.

Par ailleurs, plus de 60% des habitations ont été complètement détruites, 90% des écoles ont été démolies, 19 hôpitaux sur 36 sont hors service et 70% des champs cultivés ont été dévastés. Un bilan accablant auquel il faut ajouter les 693 Palestinien·nes tué·es en Cisjordanie, dont 150 enfants.

Plus de 60% des habitations ont été complètement détruites, 90% des écoles ont été démolies, 19 hôpitaux sur 36 sont hors service et 70% des champs cultivés ont été dévastés

L’écroulement des systèmes de santé et le manque accès aux soins de santé sexuelle reproductive mettent particulièrement en danger la vie des plus vulnérables – filles, femmes, nouveaux-nés et bébés à naître – à Gaza, constatait Claire Somerville, directrice du Centre sur le Genre au sein de l’Institut de hautes études internationales et du développement. En raison des blocages de l’armée israélienne, les Nations unies n’ont pu faire entrer qu’un seul camion chargé de produits de santé reproductive à Gaza depuis le 7 juillet, indique la chercheuse. Avec des conséquences dramatiques pour les 50’000 femmes enceintes que compte l’enclave.

Dury Seva, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit au développement, rappelait que le 7 octobre a été précédé par des décennies de colonisation et d’oppression de la Palestine par Israël. Les générations futures seront aussi profondément impactées par l’agression militaire en cours, soulignait le chercheur devant le Club suisse de la presse. Un propos confirmé par une récente enquête menée par l’UNRWA, selon laquelle la guerre «risque de créer une génération perdue de jeunes Palestiniens traumatisés à vie».

Maria Tignino, maître de conférences à l’université de Genève et directrice adjointe de la Plateforme pour le droit international de l’eau, a dénoncé de son côté les privations d’eau et de nourriture infligées volontairement à la population palestinienne. Et de rappeler que Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien, avait qualifié les habitant·es de Gaza «d’animaux humains», appelant à leur couper l’électricité, la nourriture, l’eau et l’essence. Pourtant, rappelle Maria Tignigo, l’affamement d’une population consiste un «crime de guerre et un crime contre l’humanité». Un crime qui continue à être pratiqué quotidiennement à Gaza.

International Solidarité Guy Zurkinden Gaza

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