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Mieux prévoir la charge pollinique

Le réseau de capteurs automatiques de Météosuisse est le premier au monde capable de mesurer le pollen et autres aérosols en temps réel. Les informations récoltées sont très précieuses pour la prévention d’allergies.
Santé

Dès les années 1960, certains grands hôpitaux ont équipé leurs toits de capteurs de pollen. En janvier 2023, à l’initiative du groupe de biométéorologie de Météosuisse et du laboratoire de télédétection environnementale de l’EPFL, les anciens capteurs dont les mesures se faisaient manuellement ont été remplacés. Les nouveaux appareils de mesure sont équipés de deux caméras holographiques qui permettent de restituer l’image en trois dimensions et utilisent l’intelligence artificielle pour identifier les nombreuses particules volatiles mesurant entre 5 et 150 micromètres.

Au total, 15 stations équipées de capteurs du type Swisens Poleno couvrent les principales zones habitées en Suisse et sont uniformisées en un réseau unique. «Chaque station nous fournit des informations sur le type et l’heure d’enregistrement de chaque grain de pollen enregistré», indique Sophie Erb, doctorante responsable du projet.

Elle souligne qu’aucun autre pays au monde ne dispose d’un tel réseau de mesures de pollen. «Les mouvements du pollen, mais aussi d’autres allergènes comme les spores de champignons, peuvent être suivis en temps réel, d’une façon automatique et beaucoup plus précise qu’auparavant.»

Ces données collectées et rendues publiques par Météosuisse sont précieuses pour la santé publique. Les personnes allergiques au pollen – 20% de la population en Suisse – peuvent ainsi adapter leur comportement en prévoyant leur exposition aux allergènes. En outre, ce réseau de mesures permet d’étudier l’effet global des différentes particules ainsi que leurs interactions avec les phénomènes météorologiques.

Un pic de pollen, par exemple, est typiquement observé environ 20 minutes avant un orage. Les scientifiques espèrent pouvoir prédire à l’avenir la concentration de pollen en fonction de paramètres météorologiques tels que la pression atmosphérique, la température ou les conditions de vent. «C’est comme si nous pouvions maintenant assembler les pièces d’un grand puzzle», conclut avec enthousiasme la chercheuse.

* Paru dans Horizons no 141, juin 2024, FNS, www.revue-horizons.ch

S. Erb et al.: Real-time pollen identification using holographic imaging and fluorescence measurements. Atmospheric Measurement Techniques (2024)

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