Emeutes racistes et résistance
Au cours des deux dernières semaines, le Royaume-Uni a connu une situation intérieure en dents de scie, passant de l’horreur à l’espoir. En réaction à la désinformation raciste et islamophobe diffusée en ligne, des émeutes d’extrême droite ont éclaté dans de nombreuses villes. Des foules racistes ont pris pour cible des mosquées et des centres d’hébergement pour demandeurs d’asile, attaqué des musulmans et des personnes de couleur, et des policiers ont été blessés.
Les scènes étaient épouvantables: des bandes de voyous dans les rues, répandant la violence, brisant des vitrines et allumant des incendies. A certains moments, la police semblait débordée, la situation devenait incontrôlable et d’autres scènes d’émeutes menaçaient de se produire. Et puis, l’ambiance dans les rues s’est inversée. Des milliers de personnes se sont jointes à des contre-manifestations pacifiques dans tout le Royaume-Uni en faveur de la tolérance, de l’unité et de l’inclusion. La majorité s’était exprimée et le message était clair: «Les voyous violents ne nous représentent pas. Nous rejetons leur haine et nous déplorons ses conséquences.» Cela faisait plaisir à voir.
Tout en restant «en état d’alerte» face à une potentielle reprise des violences, malgré l’accalmie actuelle, le gouvernement devrait aussi commencer à réfléchir aux leçons à tirer de tels événements: qu’en avons-nous retenu dans le but de maintenir la violence haineuse à l’écart à l’avenir? Tout d’abord, les mots des hommes et des femmes politiques sont importants. Depuis bien trop longtemps, des responsables de premier plan comme l’ancienne ministre britannique de l’Intérieur Suella Braverman et le magnat des médias Nigel Farage, aujourd’hui membre du parlement, sont à l’origine d’une dangereuse rhétorique anti-immigrés et antimusulmans. Ils ne sont pas les seuls, bien sûr.
Ces dernières années, le langage de l’extrême droite a inondé la politique ordinaire. La désignation de boucs émissaires politiques parmi les groupes vulnérables «fonctionne» malheureusement dans une certaine mesure, en particulier lorsque les gens constatent que les inégalités augmentent et cherchent un coupable. Certains croient étrangement les politicien·nes sans scrupules qui leur disent que tous leurs problèmes sont la faute de certaines personnes (généralement impuissantes) considérées comme des «étrangers». Les médias mainstream se sont également montrés disposés, voire désireux, de diaboliser certaines communautés et certains groupes. Tout cela n’a fait qu’enhardir les extrémistes, ouvrant la porte à la violence.
Deuxièmement, la désinformation en ligne est un problème grave. Elle a joué un rôle important dans les émeutes. Les décideurs politiques doivent se concentrer sur la facilité avec laquelle les plateformes de réseaux sociaux peuvent être exploitées pour promouvoir la haine. Il n’y avait pas que des inconnus qui répandaient des mensonges et des rumeurs sur les réseaux sociaux. Le propriétaire de X, anciennement connu sous le nom de Twitter, Elon Musk, est intervenu de manière erronée et ignorante. Cela soulève de sérieuses questions sur la manière dont ces plateformes sont gérées.
Troisièmement, le pouvoir des gens est important. Il est vrai qu’il existe un large groupe d’individus frustrés qui peuvent être animés par la haine au point d’être prêts à commettre des actes de violence. Toutefois, ils sont nettement moins nombreux que ceux qui sont, à juste titre, consternés par cette idée.
Pendant des années, cette majorité tolérante a trop souvent été éclipsée par des responsables politiques et des médias en quête d’attention et poussant à la haine. La réaction du public [des milliers de Britanniques ont participé à des rassemblements antiracistes en réaction aux émeutes] est encourageante. A l’avenir, nous devrons l’observer plus souvent et plus tôt. Et plus c’est fort, mieux c’est.