On nous écrit

Un statut digne pour les nettoyeuses

La présidente du Cartel intersyndical, Geneviève Preti, demande à l’Etat de Genève d’intervenir pour améliorer les conditions de travail de son personnel de nettoyage.
Travail

On peut juger de la bienveillance d’un système au bonheur du moindre de ses membres. Ainsi, le Cartel intersyndical de la fonction publique alerte régulièrement sur les conditions d’emploi des nettoyeuses sous-traitées des bâtiments publics, Etat, écoles, hôpital ou services sociaux. Horaires coupés, salaires au plus bas, tâches répétitives et de plus en plus condensées, ces employées sont en outre particulièrement solitaires, souvent oubliées car travaillant sans rencontrer personne. Intégrées aux équipes, il serait plus facile de discuter de tranches horaires de journée selon l’occupation des ­locaux.

L’Etat employeur, tout comme l’Etat subventionneur, ne peut pas se débarrasser de la question de leurs conditions de travail. Il ne suffit pas de renvoyer à la gestion de situations individuelles, comme la présidente du Conseil d’Etat, Mme Fontanet le préconise en demandant aux syndicats d’agir! Evidemment les syndicats agissent, dans ce cas UNIA, et dans d’autres cas le SSP, le SIT, les organisations professionnelles enseignantes… mais c’est le système qu’il faut changer, car les actions individuelles restent sans garantie et un éternel recommencement: en effet, les entreprises de sous-traitance changent régulièrement. Aux HUG par exemple, les syndicats ont protesté à propos d’un changement de contrat qui a abouti au licenciement de nettoyeuses, car le nouveau prestataire n’a eu aucune obligation de réengager celles qui donnaient pourtant entière satisfaction aux services concernés!

Ainsi, l’internalisation reste la seule solution, afin que l’Etat assume dignement ses responsabilités. Une solution qui permet la qualité des services de nettoyage assurés dans la continuité, mais aussi de sauvegarder la santé des nettoyeuses. Oui, elles sont à bout, et ce n’est pas nouveau! La dernière demande d’internalisation des nettoyeuses sous-traitées à l’Etat vient d’être faite dans le cadre des revendications féministes du Cartel. Elle a une fois de plus été rejetée sèchement par un Conseil d’Etat majoritairement féminin… Mais quand donc les nettoyeuses recevront-elles la reconnaissance qui leur est due? Quand donc l’Etat de Genève cessera de se cacher honteusement derrière les sous-traitants et d’abuser ainsi de la faiblesse de ces travailleuses en les laissant dans leur statut précaire? Quand donc pourra-t-on saluer une avancée digne d’une position féministe à l’égard de nos sœurs de travail?

Geneviève Preti, Genève

Opinions On nous écrit Votre lettre Travail

Connexion