C’est un drôle de va-et-vient qui a lieu en plein été au port de Larmor-Baden, sur les rivages de Bretagne sud. Entre pêcheurs, plaisanciers et badauds, un homme tient en laisse des moutons. La laine de couleur brun caramel, ils sont de la variété locale dite «de Belle-île». Aujourd’hui, c’est leur baptême de mer! Avec quelques difficultés, le berger les emmène sur un ponton et les fait monter sur son embarcation. L’homme en question, c’est Nicolas Poupinel.

Après plusieurs années passées dans les Alpes, ce montagnard a décidé de s’installer près de la mer, sans pour autant abandonner son activité. Les îles ont alors remplacé les alpages, le bateau a remplacé la transhumance à pied. Loin des loups mais pas pour autant exempté d’autres problématiques, il perpétue un savoir-faire et des gestes ancestraux, tout en participant à la sauvegarde du patrimoine naturel local.

En plus de conduire son troupeau de 100 à 150 têtes, Nicolas s’occupe également de la tonte d’un millier de bêtes par an dans le département, et transforme la laine en feutre haut de gamme dans son petit atelier. Paysan autodidacte et engagé, il est également l’inventeur d’un procédé permettant d’utiliser moins d’eau pour la transformation de la laine. Il participe également à son échelle à la sauvegarde de lignées ovines bretonnes en voie de disparition. Mais face à un recul des vocations agricoles en France et les difficultés de l’élevage extensif, se pose alors la question: lorsque viendra la retraite, à qui transmettre?