Édito

Indispensables voix juives décoloniales

Indispensables voix juives décoloniales 1
Une membre de South Florida Jewish Voice for Peace, qui a préféré être identifiée uniquement par son prénom, Emma, tient une pancarte lors d'une manifestation appelant à un cessez-le-feu à Gaza, devant le bureau de Miami du sénateur Rick Scott, mardi 17 octobre 2023. KEYSTONE
Israël-Palestine 

Ils et elles refusent d’être le visage de la guerre, l’alibi du massacre perpétré à Gaza depuis neuf mois. Ces juifs et juives se dressent pour crier «Pas en notre nom!» Ces voix, il faut les entendre et les amplifier. Pour plusieurs raisons: parce qu’elles soutiennent le peuple palestinien dans sa lutte pour la survie et l’autodétermination; elles déconstruisent les mythes fondateurs d’Israël et sa politique coloniale soutenue – notamment – par les puissances occidentales; elles aident à contrer l’accusation fallacieuse d’antisémitisme systématiquement brandie face à l’antisionisme.

Car, comme le rappelle Pierre Stambul, membre de l’Union juive française pour la paix, dont nous relatons une récente conférence donnée à Genève, les premiers antisionistes furent juifs. Les plus religieux considérant comme une hérésie tout retour en Terre sainte avant l’avènement du Messie. Les plus politiques se méfiant du sionisme qui projetait l’implantation d’un foyer juif en Palestine, au détriment des populations musulmanes majoritaires. D’autres encore, assimilationnistes, aspiraient à se fondre dans leur pays de résidence, comme n’importe quel·le citoyen·ne.

Le sionisme fut donc un pari: celui d’une minorité nationaliste qui, face à l’antisémitisme virulent qui se déchaînait en Europe au XIXe siècle, parvint à imposer sa vision. Un projet colonial qui trouvera, au lendemain de l’Holocauste, l’appui bienveillant de la communauté internationale. Avec les conséquences funestes que l’on sait: la Nakba de 1948, la colonisation et l’instauration d’un apartheid illégal mais pérenne, et aujourd’hui une guerre génocidaire dont nous sommes les témoins depuis neuf mois.

Témoins, mais pas impuissant·es. A l’image de Jewish Voice for Peace, dont nous avons rencontré l’une des militantes, Stefanie Fox, la réflexion et l’action antisionistes travaillent profondément la communauté juive aux Etats-Unis. Là où le soutien politique et militaire est traditionnellement le plus ancré, indéfectible. Des convergences sont à l’œuvre, entre juives et juifs décoloniaux, gauche anti-impérialiste et diasporas post-coloniales du Sud global.

Dans ces luttes, l’antisémitisme n’a pas sa place, ni dans l’argumentaire ni dans la vision du monde souhaité.

Aujourd’hui, plus que jamais, les Palestinien·nes ont besoin de soutien, ainsi que les juifs et juives plaidant – y compris en Israël – pour un avenir décolonial.

Opinions Édito Roderic Mounir Israël-Palestine 

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