Édito

Pourquoi changer un système grippé?

Pourquoi changer un système grippé?
Le parti socialiste fait la grimace. De g. à dr.: Tom Cassee, secrétaire général, Samira Marti, conseillère nationale, Roger Nordmann, conseiller aux Etats, Mattea Meyer, co-présidente du PS-ZH, Reto Wyss, expert en santé et Sarah Wyss, conseillère nationale. KEYSTONE
Votation fédérale

La divine surprise du 3 mars dernier, avec l’acceptation de la 13e rente AVS, ne s’est pas renouvelée. L’initiative d’allégement des primes maladie a été refusée à 55% par le peuple ce dimanche. Les revenus modestes et la classe moyenne continueront d’être les premières victimes de ce système hors contrôle qui rogne, année après année, inexorablement, leur pouvoir d’achat.

Plusieurs raisons expliquent sans doute cet échec de la gauche: présence moins marquée du président de l’USS, Pierre Yves Maillard, lui qui avait porté avec vista le projet de 13e rente, mais aussi lisibilité moindre du texte proposé au peuple. Le fait que des dissident·es du Parti socialiste suisse, l’éléphant Roger Nordmann en tête, se soient singularisé·es en appelant au double oui, donc y compris l’initiative du Centre, a sans doute brouillé le message. Et, enfin, on distingue un Roestigraben manifeste sur cette question entre cantons alémaniques, opposés au texte, et cantons romands, unanimement en sa faveur.

Le système de financement des soins en Suisse ressemble de plus en plus à un bateau ivre, sans contrôle – on se rappelle du scandale des réserves qui ont vu les cantons romands affourager les régions alémaniques pourtant volontiers donneuses de leçon – et où les lobbies font la loi. Cela doit cesser. Dans un premier temps, il est à attendre que des initiatives cantonales seront prises pour répondre à cette crise nationale, à l’instar du système qui a été mis en place par les Vaudois·es.

Mais cela ne saurait constituer qu’une réponse partielle à la crise du système sanitaire suisse. La question des bénéfices indécents de la pharma – comment se fait-il que les médicaments soient tellement plus chers en Suisse? – ou celle des tarifs surfaits pratiqués par certains spécialistes au détriment des généralistes devront trouver une réponse. Car le ver est dans le fruit: on a d’un côté une offre privatisée, et de l’autre une demande socialisée; en bonne économie capitaliste, cela ne peut pas marcher. Peut-on espérer un sursaut des autorités cantonales romandes? Auditer le système de santé suisse, exiger une transparence digne de ce nom des coûts, et, plus largement, devenir proactif·ves plutôt que de subir ce laminage du système de santé qui creuse les inégalités.

Sans oublier, plus largement, qu’il y a une injustice sociale crasse dans le fait que les primes soient payées indépendamment du revenu. Une flat tax antisociale s’il en est. La question d’une caisse publique unique et des primes maladie proportionnelles au revenu a tendance à fâcher. Elle est pourtant incontournable, pour ne pas dire inéluctable.

Opinions Édito Philippe Bach Votation fédérale

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