On nous écrit

Bonne conscience

Bertrand Daout réagit à une dépêche de l’Agence télégraphique suisse (ATS) publiée dans notre édition du16 avril.
Pollution

Il y a quelques semaines, a été publié dans Le Courrier un article intitulé: «La Suisse a moins pollué». Vraiment? Oui, selon l’Office fédéral de l’environnement (OFC). Non, en réalité; ce n’est malheureusement pas le cas puisque que pour que le calcul soit correct, il faudrait tenir compte d’un facteur bien trop souvent éludé, c’est l’externalisation (outsourcing) de la pollution et de la consommation d’énergie. En effet, les biens importés comportent des matières mais aussi de l’énergie, dite énergie grise. C’est l’énergie qu’a nécessité la fabrication de l’objet ou du service. Si cet objet a été fabriqué à l’étranger, cette énergie y est comptabilisée, et pas en Suisse; il faut aussi ajouter l’énergie nécessaire à son transport jusqu’en Suisse.

Du fait que beaucoup d’industries lourdes ont quitté la Suisse ces trente dernières années, nous importons beaucoup plus d’objets et de produits manufacturés, et donc la pollution totale induite par la Suisse a augmenté (environ +15 à 20% depuis 1990) et non diminué. Pour prendre un exemple ironique actuel: lorsque Vetropak quittera définitivement la Suisse, la pollution indigène y aura baissé, selon la méthode d’analyse biaisée de l’OFC, car la grosse quantité de gaz et d’électricité consommée auparavant ne sera plus comptée pour la Suisse, ainsi que la production de CO2 y relative. Cela continuera donc à donner bonne conscience à certains; à tort, évidemment!

Bertrand Daout,
Servion (VS)

Opinions On nous écrit Votre lettre Pollution

Connexion