Édito

L’abolitionnisme, combat d’actualité

L’abolitionnisme, combat d’actualité
Prison de Greensville en Virginie, Etats-Unis, mars 2021. KEYSTONE
Peine capitale

L’an passé, le nombre d’exécutions a augmenté de 30% dans le monde, comme le souligne le rapport annuel sur la question d’Amnesty International1>Amnesty International, Rapport mondial, Condamnations et exécutions 2023. publié mercredi. Quelque 1153 personnes ont été exécutées en 2023. Et encore, ce chiffre est très partiel. Dans des pays non démocratiques comme la Chine, ce nombre est secret, mais ce sont probablement plusieurs milliers de morts qu’il convient de rajouter à cet effrayant décompte.

Première constatation: les pays qui pratiquent la peine de mort sont pour la plupart des dictatures, souvent sinistres. En tête de ce classement, on trouve des pays comme l’Iran (853 exécutions en 2023!) ou l’Arabie saoudite (172 mises à mort). Ce qui devrait faire réfléchir une nation comme les Etats-Unis, la seule à avoir eu recours à ce châtiment inhumain sur le continent américain, et qui se retrouve également quelque peu isolée au sein des pays occidentaux.

Démocratie et peine capitale ne font pas bon ménage. Pour des raisons d’Etat de droit, d’abord, vu le caractère irréversible de la sentence une fois exécutée. Une erreur judicaire –et elles sont légion– ne peut pas être inversée; alors qu’une personne emprisonnée à tort peut au moins être indemnisée pour ses souffrances. Et parce que ce châtiment est souvent instrumentalisé à des fins de répression. Comme en Iran, notamment, où il sert à réprimer les mouvements sociaux et politiques. Ou à persécuter des minorités. Aux Etats-Unis, le biais racial a été documenté à l’envi.

Le rapport apporte une – petite – touche d’optimisme à ce bilan effrayant. La peine de mort progresse en nombre d’exécutions, et elle est pratiquée par un nombre de plus en plus restreint de pays. Ceux-ci sont isolés moralement et politiquement sur la scène internationale.

Au point que les Etats-Unis, encore eux, se retrouvent à devoir revenir à des techniques barbares de mise à mort, les habituels alliés refusant de leur livrer les produits de base pour les injections létales. Dans certains états des USA, on évoque le retour aux pelotons d’exécution! Et l’Alabama a procédé à une exécution par inhalation d’azote, méthode susceptible de tomber dans une catégorie proscrite par le droit international car assimilable à de la torture.

L’abolition de la peine de mort doit rester une priorité car elle s’inscrit dans une perspective d’extension de la démocratie et des droits humains. Le combat est ancien – Victor Hugo avait déjà écrit des lignes mémorables sur le sujet – raison de plus pour persévérer dans cette défense de l’élémentaire dignité humaine.

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