Au-delà du porte-monnaie
La première vague de sondages en lien avec les votations du 9 juin est parue. Celle de Tamedia, en l’occurrence. C’est tout particulièrement la question de l’assurance-maladie qui va focaliser les débats. Les deux autres objets seront un peu moins visibles: la loi sur l’électricité devrait l’emporter et, pour l’initiative des réfractaires aux vaccins, les jeux semblent faits (avec 29% d’avis favorables), malgré un fort taux d’indécis.
La question de l’accès aux soins va donner lieu à une campagne compliquée. Deux initiatives s’affrontent: le PS propose de plafonner les primes maladie à 10% du revenu; le Centre imagine de mettre un frein aux coûts. Le texte du parti à la rose jouit actuellement d’un soutien de 60% des personnes sondées. Comme il est de coutume pour les initiatives, l’écart risque de se resserrer au fur et à mesure de l’avancée de la campagne.
Reste que plusieurs facteurs peuvent inciter à un optimisme raisonnable: le soutien est plus important chez les revenus modestes. Or, c’est bien dans cette catégorie sociale que la loi sur l’assurance-maladie exerce ses ravages. La hausse régulière des primes maladie pousse des pans entiers de la population sous le seuil de pauvreté. Le message semble avoir été bien compris.
En revanche, du côté du verre à moitié vide, le Roestigraben joue à fond: les Latins se distinguent avec 69% de personnes favorables pour les Romands (et même 71% pour le Tessin) contre 57% seulement outre-Sarine. Et ces derniers pèsent électoralement plus lourd…
Le second texte, celui du Centre, passe pour l’heure la rampe à 54%. Mais sa base semble plus fragile, le oui venant de la base du parti qui l’a lancé et du côté udéciste. Pas suffisant, sans doute, pour conserver cet avantage.
Au-delà de la question posée, l’enjeu politique est de taille: l’acceptation en votation de la treizième rente, le 3 mars dernier, s’inscrit-elle dans une tendance plus lourde qui voit le peuple s’affranchir de la tutelle de la majorité institutionnelle des partis bourgeois ou s’agit-t-il d’un vote de circonstance? Gageons que la droite va mettre des gros moyens dans la campagne pour tenter d’emporter le morceau. Car d’autres scrutins tout aussi emblématiques suivent, dont celui sur le système de prévoyance cet automne, contesté par voie référendaire par la gauche. Le vote ne sera pas seulement celui du porte-monnaie mais aura aussi un impact sur le rapport de force gauche-droite.